
Centre communautaire, galerie d’art, centre d’interprétation des salmonidés, espace de production maraîchère… Dans les dernières années, de nombreuses églises du Bas-Saint-Laurent ont connu des reconversions très originales. Et ce n’est que le début : ce lundi, Radio-Canada annonçait que plus de la moitié des 89 églises consacrées du diocèse de Rimouski pourraient être fermées dans les prochaines années.
Bonne nouvelle cependant pour ceux qui veulent trouver une nouvelle vocation à l’église de leur village : de nouveaux services se développent pour les aider dans leur démarche. C’est par exemple ce que propose l’organisme Écobâtiment, basé à Québec, qui a récemment reçu près de 800 000 $ du gouvernement provincial, dans le cadre du programme Action-Climat Québec.
Écobâtiment a été créé pour faire la promotion de la construction écologique, mais s’intéresse depuis quelques années aux édifices plus anciens. « Alors qu’on fait la lutte aux changements climatiques, ces bâtiments sont souvent très peu performants parce qu’ils ne sont pas mis à niveau avec suffisamment de ressources et d’amour », observe la directrice générale de l’organisme, Léa Méthé.
C’est notamment le cas des lieux de culte, gros consommateurs d’énergie fossile puisqu’ils sont chauffés au mazout… tout en étant peu fréquentés. Écobâtiment part du principe qu’il faut d’abord trouver une nouvelle vocation aux églises de nos villages, puis ensuite trouver le financement pour mener à bien la conversion du bâtiment, incluant l’adoption d’un système de chauffage plus écologique – à Saint-Valérien, par exemple, on a installé un chauffage à la biomasse dans l’ancienne église, devenue un centre communautaire.
Maîtriser les étapes d’avant-projet
Dans le cadre de son projet Patrimoine religieux pour le climat, l’organisme lance donc une sorte de concours pour les groupes impliqués dans la sauvegarde d’une église : à l’échelle du Québec, douze d’entre eux bénéficieront d’un accompagnement de 175 heures de services-conseils afin de mener à bien les étapes d’avant-projet menant à la requalification du bâtiment (consultation publique, étude de faisabilité, recherche de subventions, acceptabilité du projet auprès des autorités compétentes en matière de patrimoine, etc.).
Mme Méthé explique faire cette proposition car il est difficile de financer le début d’un projet de requalification d’église, alors que la suite est plus facile : « Si, par exemple, on veut en faire un lieu de diffusion artistique, l’argent pour la transformation va venir du ministère de la Culture. Si on veut faire un plateau sportif, l’argent va venir du ministère des Loisirs et des Sports. Mais pour faire ces demandes, ça prend plusieurs études de faisabilité qui doivent aussi être faites par des professionnels. »
Deux tiers des services offerts par Écobâtiment dans le cadre du projet Patrimoine religieux pour le climat seront payés par les fonds octroyés par le gouvernement, ce qui signifie que les porteurs de projet n’auront à débourser que 7300 $ pour accéder aux 175 heures. Toujours avec l’enveloppe gouvernementale, l’organisme veut donner vingt conférences à travers le Québec pour présenter son plaidoyer pour la conservation du patrimoine religieux avec un angle environnemental. Enfin, Écobâtiment propose de venir participer à des panels de discussion ou des ateliers de conception dans des communautés intéressées.
Les personnes qui veulent déposer leur candidature à Patrimoine religieux pour le climat ont jusqu’au 2 juillet pour remplir un formulaire téléchargeable sur la page de présentation du projet. Tout le monde est invité à participer : municipalités, comités de bénévoles, organismes à but non lucratif, ou encore citoyens et entreprises privés qui auraient fait l’acquisition d’un bâtiment religieux.
« On a choisi d’ouvrir à un maximum de monde pour avoir un maximum de possibilités, déclare Léa Méthé pour justifier cette décision. Ceci dit, un des critères qui va guider notre jury, c’est celui des retombées sur la collectivité. Un projet à but purement lucratif n’aura sans doute pas la faveur de notre jury. Mais pourquoi pas un lieu de villégiature qui permettrait de sauver un couvent dans une région dévitalisée? » C’est la beauté de tous ces lieux de culte qui vont être prochainement délaissés : ils ouvrent un océan de possibles pour les esprits créatifs…