Le blogue du rédac

Un possible débouché pour le myriophylle à épis?

Par Rémy Bourdillon le 2021/08
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Un possible débouché pour le myriophylle à épis?

Par Rémy Bourdillon le 2021/08

Plante exotique invasive, le myriophylle à épis fait des ravages dans les lacs du Québec, qu’il colonise à vitesse grand V. L’entreprise Pro-Algue Marine de Saint-Simon est en train de mener des tests sur cette plante, qui pourrait avoir un avenir sous forme d’engrais.

Pro-Algue Marine est une compagnie spécialisée dans la transformation d’algues marines. Après avoir séché ces dernières, elle produit notamment une farine riche en protéines et vitamines qui a des applications en agriculture et en horticulture (comme engrais), mais aussi dans les cosmétiques, l’industrie pharmaceutique, la thalassothérapie et l’alimentation animale.

Le myriophylle à épis n’est pas une algue mais une plante aquatique, il ne pousse pas dans la mer mais dans l’eau douce, mais peu importe, Pro-Algue Marine se penche sur son cas car cette potentielle ressource est abondante depuis plusieurs années, et les personnes qui résident autour de lacs infestés veulent à tout prix s’en débarrasser.

Au Bas-Saint-Laurent, deux lacs sont touchés : le lac Témiscouata, où la présence de la plante est pour l’instant contenue, et au lac du Gros-Ruisseau, à cheval sur les municipalités de Saint-Joseph-de-Lepage et de Mont-Joli. Dans ce deuxième cas, la situation est si grave que la navigation est quasiment impossible. Les riverains extraient régulièrement des pleines remorques de myriophylle à épis, ce qui représente plusieurs tonnes par année.

Des échantillons provenant du lac du Gros-Ruisseau

C’est le myriophylle de ce lac que Jean-Pierre Gagnon, président de Pro-Algue Marine, a fait sécher. « Ça me fait penser à de la mousse, ce n’est pas du tout comme les algues de mer », témoigne-t-il. Il est peu probable que ce produit seul ait un débouché, mais il pourrait par contre trouver sa place dans un mélange d’algues.

Pro-Algue Marine travaille en collaboration avec Merinov, qui mène des analyses plus poussées afin d’évaluer le ratio NPK (azote, phosphore et potassium, crucial dans les engrais) du myriophylle. Il faut aussi déterminer s’il peut être toxique : « Ce n’est pas n’importe quelle algue qu’on peut mettre en horticulture ou en agriculture », prévient Jean-Pierre Gagnon, qui a déjà rencontré des mauvaises surprises par le passé.

Les résultats de ces analyses devraient arriver début septembre. Mais si la possibilité de valoriser le myriophylle serait une bonne nouvelle, cela n’endiguerait pas sa progression au Québec. Celle-ci devient par endroits si problématique qu’il faut avoir recours à des solutions extrêmes, comme bâcher le fond du lac ou utiliser une machine pour arracher ses tiges…

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