
L’auteur fait partie de l’Initiative de journalisme local
Avec la crise écologique et la nécessité d’une transition, le renouveau démocratique est devenu central dans le débat public. L’écologie bouleverse nos concepts politiques traditionnels.
Plusieurs villes du Bas-Saint-Laurent ont mis en place des consultations citoyennes afin de collaborer avec la population dans le but de concevoir des projets qui répondent aux véritables besoins. Ce que ces consultations démontrent, c’est la nécessité de compléter la démocratie représentative avec une démocratie ouverte.
Les consultations citoyennes démontrent que la démocratie représentative est insuffisante en raison de sa conception réalisée dans un contexte et une époque où la délégation du pouvoir était salvatrice. En effet, le taux d’alphabétisation était élevé. Mais également, les informations étaient beaucoup moins nombreuses et l’habitude de commenter les questions politiques étaient moins présentes dans le quotidien (2021, p. 288).
C’est pourquoi, actuellement il n’est plus possible de demander à chaque personne citoyenne de livrer son avis sporadiquement à travers une urne, pour ensuite attendre la réponse des représentante.s. La représentation défaillante des classes populaires et des jeunes accentuent davantage ce désir de ne pas se limiter à l’urne, accentuant l’abstentionniste chez ces populations.
La confiance dans ces populations, se propageant aux autres diminue dans le temps. Il devient alors nécessaire de retrouver un système politique qui retrouve cette confiance en intégrant les transformations de la société contemporaine.
L’écologie, un moteur de changement politique
Le changement climatique et la nécessité de ne pas aggraver la situation imposent à la politique de modifier ses pratiques et la forme qu’elle a hérité. Examinons les principaux points qui poussent la politique à s’adapter.
L’un des premiers changements se trouve dans son rapport à la temporalité. Adapté principalement au temps court et aux prises de décisions à court terme, les politiques sont forcées de repenser ses structures et organisations pour être capable de gérer et produire des décisions sur le long terme (2021, p. 289).
Le second point concerne la transition écologique qui ne peut se faire sans la prise en compte de toute la population. Pour ce faire, un système politique doit représenter chaque classe sociale. Or le système actuel présente une représentativité défaillante, entrainant des décisions qui produisent des injustices.
Le troisième point réfère aux modalités de financement, qui favorisent des mécanismes dont bénéficient la population la plus riche. Or cette tranche de la population est celle qui présente les comportements les plus dévastateurs pour l’environnement (2021, p. 290).
Le changement est alors mu par les citoyennes et citoyens. « Le projet de loi climat issu des travaux de la Convention citoyenne pour le climat démontre que les citoyen.nes sont davantage prêts que nos élus à faire une transition écologique ambitieuse, et c’est une victoire » (2021, p. 293).
C’est alors à l’échelle locale qu’il est possible d’agir en faveur de la transition écologique. Le mouvement qu’induisent les citoyen.nes impacte les municipalités. Plus précisément sur les questions liées au transport, à la formation professionnelle, ou encore à l’urbanisme.
Source
Eloi Laurent, « On ne peut réaliser la transition écologique contre une partie de la population », Germinal, vol. 2, no. 1, 2021, pp. 286-296.