L’auteur fait partie de l’Initiative de journalisme local
Selon les dernières statistiques émises par l’Association des retraités des secteurs public et parapublic du Québec (AQRP) de la région Bas-Saint-Laurent, plus d’un quart de la population des 65 ans et plus représente 28.4% de la population totale, ce qui en fait la plus élevée. Alors que les moins de 20 ans, s’élevant à 18,5 % au Bas-Saint-Laurent est l’une des plus faibles du Québec.
En considérant que l’engagement des jeunes se produit par d’autres moyens que les traditionnels, comme le vote, alors que les personnes retraitées votent majoritairement, les élections et le climat politique sont alors à l’image de la population la plus âgée. De ce fait, avec ce pouvoir politique, les personnes âgées décident. Il serait alors possible d’y voir une fracture générationnelle provoquée par le désengagement politique des jeunes.
Contre le discours de la fracture générationnelle, « il n’existe pas de grandes différences d’aspirations entre les générations : nous souhaitons tous et toutes une certaine sécurité, de la dignité, du sens, le sentiment d’être utile, une place dans une équipe chaleureuse, une rémunération confortable, un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle » (Vitaud, 2023).
La seule différence générationnelle qui pourrait apparaitre, malgré tous les discours annonçant la fracture générationnelle, se trouve dans les questions liées à l’environnement. Les jeunes générations présentent une plus grande éco-anxiété. Et cette dernière est surtout produite par l’inaction des générations précédentes, comme l’attestent les représentant.es politiques qui ne placent pas l’environnement comme prioritaire dans leur programme politique.
Or, ces jeunes générations désignées sous le qualificatif « génération Z » (nés au tournant du siècle) se voient affublées de plusieurs caractéristiques péjoratives, comme paresseux, incultes, individualistes, insuffisamment engagés, trop volages, infidèles face à l’emploi, etc., ce qui cause un discrédit lorsqu’elles prennent la parole politiquement.
Ce discrédit revient simplement d’une absence d’intérêt à ce qu’elles disent en raison de ces stéréotypes, entrainant une impossibilité à les comprendre, et donc à se rattacher aux stéréotypes évoqués plus haut pour expliquer les comportements inconnus qu’elles présentent. On se mord la queue par simplement une absence d’écoute et de considération véritable. L’engagement politique des jeunes est alors inconsidéré et discrédité. Par exemple, l’une des premières actions évoquées plus haut se trouve dans le refus du système actuel exprimé par l’abstention de vote.
Ensuite, si le vote il y a, il se trouve surtout sur l’échiquier des extrêmes, de gauche et de droite, qui ne fait qu’exprimer le rejet du système actuel et une volonté de trouver un système qui placerait l’écologique en son centre. Le vote d’extrême droite[1] est le résultat d’une non-représentation des jeunes et des classes populaires.
Or, « La solidarité intergénérationnelle est indispensable pour faire face aux bouleversements qui nous menacent tous » (Seppey, 2023). Il faut sortir de cette guerre des générations qui ne fait que perdre du temps, et créer des coupables. « Or, on ne doit pas punir, mais changer, et maintenant » (Seppey, 2023) ». Ce sont les générations ensemble qui pourront amorcer la transition écologique et dépasser ce système écocide.
Sources
Pierre Michaud, « Atteint par le fossé des générations. Le Bas-Saint-Laurent à la croisée des chemins », Journal le soir, 03.04.2023, Url https://journallesoir.ca/2023/04/03/la-region-la-plus-agee-du-quebec/
Agathe Seppey, « Salomé Saqué: «Les jeunes lancent un appel à l’aide, il faut donner du crédit à leur parole » », Le temps, 13 mars 2023, https://www.letemps.ch/societe/salome-saque-jeunes-lancent-un-appel-laide-faut-donner-credit-parole
Laetitia Vitaud, « Salomé Saqué : en finir avec les clichés sur la jeunesse, notamment au travail », Welcome to the jungle, 5 mai 2023, https://www.welcometothejungle.com/fr/articles/sois-jeune-et-tais-toi-salome-saque-livre-travail
[1] « Si l’extrême droite devait arriver au pouvoir, ce serait un drame. Les travaux de spécialistes qui ont étudié ce programme parle de recul des libertés publiques, des droits humains, et d’une absence de prise en compte des enjeux écologiques » (Seppey, 2023).
