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Le maire fait la sourde oreille devant des élèves du secondaire

Par Marc Simard le 2023/05
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Le maire fait la sourde oreille devant des élèves du secondaire

Par Marc Simard le 2023/05

Juin 2022, une délégation d’élèves du Paul-Hubert de Rimouski se présente à une séance du conseil municipal. Ce sont des membres du comité environnemental de la polyvalente et autres militants . Emmy Trahan prend la parole devant les membres du conseil alors que le maire Guy Caron est absent. Le groupe propose un plan de transition socio-économique pour améliorer le bilan environnemental de la Ville.

Extrait de la prise de parole d’Emmy Trahan

« Certes, nous savons que vous avez fait certaines actions notamment la mise en place du Fonds pour des projets éco-responsables (élaboration de la politique de l’arbre, changement des ampoules des lampadaires pour avoir un meilleur rendement énergétique, etc.), mais le budget alloué à cette section est de seulement 200 00 $, ce qui ne représente que 0,2 % du budget total de la Ville. On a l’impression que l’environnement n’est pas une priorité à vos yeux.

Comme vous devez le savoir, Rimouski est l’une des villes qui consomme le plus d’eau au Québec, pour 50 000 habitants, nous en prenons comme si nous étions 100 000. Laver son entrée avec de l’eau est interdit, mais aucune amende n’est donnée aux contrevenants, c’est évident que les gens continuent. II faut être beaucoup plus strict si nous voulons observer des changements de comportements. »

Selon les jeunes militantes Emmy Trahan et Florence Gohier, les membres du conseil municipal ont été assez attentifs à leur discours. Le maire suppléant, Rodrigue Joncas, a affirmé que le conseil allait regarder de plus près leurs demandes. Ce dernier aurait même félicité les jeunes de s’intéresser à la politique municipale et à l’environnement.

Cependant, les jeunes filles sont restées avec un arrière-goût en bouche. Les propos des membres du conseil étaient-ils sincères ou s’agissait-il simplement de faire bonne figure?

Une première rencontre en privé

Les militantes ont pu par la suite rencontrer le conseiller Philippe Cousineau-Morin qui a lui aussi semblé ouvert aux projets et aux visions des jeunes filles. D’ailleurs, avec le recul, elles auraient préféré continuer de travailler avec le conseiller qu’avec le maire, qui a repris le collier pour la suite du dossier.

Frapper un mur

Le 30 juin, le maire Guy Caron a organisé une rencontre avec les militantes. « Le maire nous a dit que son bilan environnemental actuel était suffisant! On a rapidement senti qu’on ne nous prenait pas au sérieux, car nous ne sommes pas des électrices, nous sommes trop jeunes pour comprendre », indiquent Emmy et Florence qui disent ne pas avoir été vraiment écoutées alors que leur plan est solidement documenté. Comme si ce n’était pas suffisant, le maire a ajouté que les employés municipaux n’avaient pas le temps de regarder leurs propositions. Les étudiantes sont sorties de la rencontre aigries et sceptiques quant au mode de fonctionnement de la supposée démocratie municipale.

Déterminées, elles ne veulent pas laisser tomber pour autant. Elles sont convaincues que la Ville peut en faire plus et que c’est le moment ou jamais d’amorcer une transition écologique.

Retour à la case départ

Le 19 septembre, les membres du comité environnemental du Paul-Hubert se sont de nouveau présentés au conseil municipal. Ce dernier n’a  rien proposé en lien avec les demandes du groupe. Autre déception! Le maire soutient que les actions entreprises par la Ville dans d’autres projets sont suffisantes.

Les membres du comité environnement du Paul-Hubert sont exaspérés mais tentent de garder la tête haute et de rester motivés. Emmy et Florence avouent se sentir dévalorisées par le maire. Selon elles, Guy Caron ne considère pas leurs idées, car elles n’ont pas l’âge de voter. D’ailleurs, lors de la rencontre avec lui, elles ont compris que sa réélection semble être plus importante que tout. Il l’a lui-même mentionné. Il n’y a que lors des élections que les candidats sont ouverts à la discussion. C’est dommage, disent-elles, mais la population n’a pas de voix.

« C’est inquiétant de constater que les gens qui ont du pouvoir pour changer les choses s’inquiètent plus pour leur avenir politique que pour l’avenir de la planète et de ses habitants », concluent les deux jeunes filles.

Emmy et Florence ne lâchent pas le morceau et comptent bien retourner à une séance du conseil municipal sous peu pour y proposer d’autres actions concrètes.

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