
L’auteur fait partie de l’Initiative de journalisme local
Janvier commence, le spleen post-fête est à son paroxysme. N’est-il pas alors temps de se mettre à rêver de son futur potager. Car oui, c’est le moment idéal pour commencer à y réfléchir ; savoir quoi faire. Comment ? Avec l’aide de quelles plantes ? Dans quel coin de notre jardin ?
Même si au BSL, la saison commence vers juin, le temps que la terre dégèle et qu’il n’y ait plus de gelée, les mains dans la terre commencent bien avant cela, grâce aux semis et aux croquis de notre petit jardin en devenir !
Mais avant de se lancer dans le concret, une question préalable se pose : quel va être le cadre théorique qui va entourer toute ma pratique, mon rapport avec tous ces êtres vivants que je vais faire grandir et épanouir ?
Pour commencer, il faut se dire que créer un potager, c’est aménager un territoire pour le rendre habitable pour une certaine catégorie d’êtres vivants. Il s’avère que cet aménagement peut se faire non pas exclusivement par la force humaine, mais par les êtres que l’on veut favoriser ; c’est-à-dire sans labour ni engrais ou désherbage, l’intervention humaine est réduite à son strict minimum. C’est un principe du « moindre agir » à la source d’une méthode de culture : la permaculture.
C’est certain que vous avez déjà entendu ce nom, surtout dans la région, qui est une méthode plébiscitée par nos agricultrices et agriculteurs locaux.
Cette méthode consiste à produire un écosystème évolutif qui s’autoperpétue grâce à l’inclusion d’un grand nombre d’animaux et végétaux. Cette méthode n’est pas dogmatique en prescrivant des règles immuables à suivre, bien au contraire, elle ne fait que proposer un modèle adaptable à chaque situation, en intégrant dans celui-ci de nombreuses disciplines (écologie, agriculture, architecture, biologie, etc.). Son intention est donc de stimuler un écosystème pour le bien être du vivant et par extension celui de l’humanité.
S’inspirant de la pérennité des lieux naturels comme les forêts et les places fertiles qui se régénèrent sans l’intervention humaine, il est question de favoriser l’interdépendance d’une grande diversité d’organismes incorporée dans le système. Donc, peu d’énergie, à la fois humaine, mécanique, électrique, chimique est utilisée; ce qui ouvre la possibilité d’avoir un espace naturel productif à un moindre coût financier.
La permaculture trouve toute sa place dans des milieux urbains identiques à celui de la résidence car elle vise avant tout l’aménagement de petits espaces ; tout ce qui est ornemental ne sera pas privilégié, bien au contraire. Elle nous offre l’opportunité de quitter l’idée de deux espaces : l’un cultivé, l’autre habité ; le jardin qui accueillera ce projet pourrait être habité, ainsi il n’y a pas d’un côté le potager, de l’autre une terrasse dont l’un sert uniquement à une pure production et l’autre un pur lieu de détente ; les deux doivent être fusionnés pour créer un espace riche, ouvrant à une meilleure qualité de vie. En plus de l’aspect esthétique, l’espace proposera une meilleure résilience face aux intempéries et aux températures.
Ainsi, la permaculture est un projet de design qui se construit dans le temps, à partir de la spécificité du lieu et les objectifs fixés.