
L’auteur fait partie de l’Initiative de journalisme local
On entend de plus en plus parler d’une rééducation par l’art-thérapie, au point qu’elle est proposée dans différents organismes, comme la Sphère, et en universités comme à l’UQAR avec le cours d’Art, rééducation et thérapie. L’une des questions que l’on pourrait se poser est la provenance de cette forme d’art et si on peut parler d’art (la réponse est oui).
L’art thérapie a émergé des instituts spécialisés en santé mentale et s’est transformé sous le terme d’art brut. L’art brut provient aussi d’une soudaine et irrésistible envie de créer chez une personne qui a été éloignée de la création artistique et du monde de l’art le reste de sa vie.
L’art brut a comme particularité de représenter « une attitude mentale et un univers personnel singulier » (Danto, 2015, p. 213), une production spontanée et fortement inventive, éloignée des critères des beaux-arts. Les créatrices et créateurs sont des personnes normalement éloigné.es du milieu artistique professionnel.
Écouter les artistes d’art brut (ou thérapeutique) permet de mieux percevoir leurs œuvres. Cette forme d’art raconte une histoire et cette histoire s’esquisse plus visiblement dans l’esprit du ou de la regardeur.se lorsqu’il la contemple sous la lumière de la connaissance de l’artiste. Cet art spontané est l’une des solutions qu’a trouvées l’individu pour vivre une souffrance, un rapport au temps ou encore une crise existentielle.
Ainsi, l’œuvre artistique brute n’est pas seulement une projection de l’artiste, elle va, par son existence, sauver l’artiste en lui constituant une nouvelle dimension à sa vie. Ce double rapport est justement ce qui est perceptible chez le spectateur ou la spectatrice et va constituer une compréhension mêlant l’intellect par la saisie de cette voie, par la compréhension de la souffrance existentielle qui forme l’essence de l’œuvre.
La spontanéité de l’œuvre se ressent dans l’humilité de la technique, ou encore la simplicité des matériaux. L’œuvre par sa constitution matérielle devient donc la porte vers un au-delà, vers une nouvelle dimension. Aspect matériel qui, très justement, ne peut être qualifié de beau (dans le sens du joli), mais plutôt de répulsif car ces matériaux sont choisis volontairement ou non car ils rappellent une détresse.
Ainsi l’art brut a une grande proximité avec la souffrance humaine, mais aussi avec d’autres affects plus doux. Pouvoir se confronter à de tels mondes est très enrichissant.
Sources :
Danto Isabelle, « Quand l’art brut redessine l’art contemporain », Esprit, 2015/3 (Mars-avril)