
Photo: Mathieu Gosselin
L’auteur fait partie de l’Initiative de journalisme local
Avec le retour des soirées Slam au BSL, il devenait essentiel d’en parler plus en profondeur pour montrer que cette forme d’art est essentielle dans une communauté. Et surtout, la chance que nous avons à Rimouski d’avoir accès très facilement à ces évènements.
Mais qu’est-ce que le Slam ? C’est une forme de poésie baptisée Slam par Mark Smith, poète et maçon, à Chicago dans les années 80 (Peillon, 2007, p. 177). Son nom provient de l’anglais « to slam » signifiant « claquer », et permet d’évoquer la force des mots, et la claque que le public prend en les écoutants (Mazars, 2014, p. 771).
Il se caractérise par être un poème qu’on lit à voix haute, sur scène et face à un public qui fait office de jury. La compétition qui se joue entre les performeur.euses a été mise en place dès le départ, dans le but de stimuler la performance scénique. Ainsi, tout un ensemble de règles encadre la pratique du Slam : « le public fait office de jury en notant les performances, qui ne doivent pas dépasser trois minutes (ce qui évite que des personnes occupent la scène interminablement) ; il n’y a ni musique, ni déguisement, ni accessoire » (Lempen, 2016, p. 115).
Malgré tout cet encadrement, une grande liberté est conservée : tout le monde peut proposer un texte. Ce dernier peut prendre n’importe quel style, pouvant être un récit conté, un poème scandé ou un jeu du corps avec très peu de texte. Ce qui prime, c’est une logique de partage. Le texte peut être aussi bien autobiographique, soulevant des vécus lourds et douloureux, de la fiction ou un propos engagé.
Le lien entre le Slam et l’expression de forts ressentis est inhérent au nom Slam et à son histoire. Mais il ne se limite pas à dénoncer, il permet l’exploration de la langue, de l’écriture et les réactions du public. La scène devient aussi un espace pour jouer et expérimenter ; en un mot, pour créer.
Sans aucune limite d’âge, de genre, d’origine, de milieux ; tout le monde peut monter sur scène pour partager un écrit. La déclamation publique est alors une composante essentielle du Slam, autant que l’écriture du texte.
L’autre aspect important du Slam réside dans l’interprétation corporelle du texte. Il n’y a pas que la voix et les mots, mais aussi le corps qui ponctuent le poème clamé ; « le slam se situe à la croisée de l’acte et de la pensée, du corps et du langage » (Lempen, 2016, p. 120).
Une atmosphère bienveillante caractérise les évènements de Slam, à la fois par l’esprit de partage, mais aussi par la potentielle double posture entre performeur.euse et publique ; chaque personne dans la salle est éventuellement une slameuse ou un slameur (Lempen, 2016, p. 116). Ainsi, le Slam est un art de la joute poétique, et actualise une démocratie par et pour la population (Peillon, 2007, p. 177).
Sources :
Lempen, Olivia. « Les écrits en scène. Le slam, au carrefour du corps et du langage », Cliniques, vol. 12, no. 2, 2016, pp. 112-126.
Mazars, Christine. « Le champ de la voix dans le « slam poésie » », Adolecence, vol. 324, no. 4, 2014, pp. 771-786.
Peillon, Catherine. « Slam, un art poétique », La pensée de midi, vol. 20, no. 1, 2007, pp. 176-181.