
Faire la grève est le moyen de pression ultime lorsque les autres moyens pour faire bouger les choses n’ont pas fonctionné. Avant de recourir à la grève, plusieurs actions ont souvent déjà été tentées : pétitions, lettres ouvertes, demandes aux gouvernements et aux administrations, manifestations, piquetage, etc. Recourir à la grève requiert souvent de faire d’importants sacrifices, d’envisager certaines pertes : monétaires pour des travailleurs et des travailleuses rémunéré·e·s ou encore un retard au cursus scolaire pour les personnes aux études. C’est se mettre dans une situation d’insécurité pour faire pression sur une institution, perturber les activités. Ce sacrifice individuel s’inscrit dans un contexte de luttes collectives qui, espérons-le, pourront bénéficier aux cohortes étudiantes qui suivront.
La grève, c’est avant tout un refus, le refus de subir une oppression. C’est refuser de se soumettre à des conditions de vie précaires. Voilà ce que demandent des milliers de stagiaires à travers le Québec et à travers de nombreux pays tels que l’Italie, le Brésil, la Belgique, etc. Et ainsi s’organise-t-on, par divers moyens, pour espérer voir un changement : la rémunération de tous les stagiaires.
Notre filet social est le résultat de nombreuses grèves et luttes acharnées. Les gains sociaux n’ont jamais été implantés par la simple bonne volonté des parlementaires, mais sont plutôt le fruit du travail mené par des militants et des militantes qui ont pris part aux mouvements sociaux. C’est notamment le cas de l’assurance maladie, du droit à l’avortement, de nombreuses améliorations des conditions de travail, etc. Il semble aujourd’hui impossible de remettre en question la pertinence de ces acquis : ils sont essentiels au bien-être et à une émancipation collective. Dans cette perspective, faire grève et lutter pour une rémunération des stages est une manière de s’attaquer à une forme d’exploitation économique qui pèse sur les stagiaires non salarié·e·s. Une grève des stages à travers le Québec permettrait également de démontrer l’ampleur du travail gratuit effectué par les stagiaires.
Tout travail mérite salaire
Bien que toutes les grèves n’aient pas été pleinement victorieuses dans tous les milieux, elles ont permis plusieurs avancées. C’est notamment le cas des luttes menées par les comités unitaires sur le travail étudiant (CUTE) pour la rémunération des stages. Bien qu’un salaire ne soit toujours pas octroyé à tous les stagiaires, aujourd’hui plusieurs bourses d’études et compensations financières – encore insuffisantes – ont été mises en place dans certains milieux d’études. Par exemple, en 2016, au bout de quatre mois de grève, les doctorantes en psychologie ont obtenu une compensation financière pour leur internat. En 2018, les étudiantes en enseignement ont, quant à elles, obtenu une compensation pour leur stage final après plusieurs années de revendication et d’actions de perturbation de l’ensemble du mouvement étudiant. Ces luttes menées par le passé ont également donné lieu à énormément de situations d’apprentissage pour les stagiaires en grève : la création de nouvelles structures d’organisation collectives et horizontales, l’établissement de liens de solidarité ainsi que le fait de conscientiser et de politiser les milieux étudiants et la population en général.
Inutile de rappeler que tout travail mérite salaire, c’est ce que revendique encore aujourd’hui le collectif « Un salaire pour toustes les stagiaires ». C’est par la lutte qu’il nous faut obtenir des gains collectifs afin que tous et toutes aient accès à de meilleures conditions de vie, de travail et d’études. Alors à la prochaine grève, montrez votre solidarité pour les stagiaires en lutte!