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As-tu vraiment besoin de manger, Réjean Desrosiers?

Par Tina Laphengphratheng le 2022/08
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As-tu vraiment besoin de manger, Réjean Desrosiers?

Par Tina Laphengphratheng le 2022/08

Dans le cadre de cette rubrique, Le Mouton Noir présente une ou un artiste du Bas-Saint-Laurent. Avec l’autorisation de Coline Pierré et Martin Page, Le Mouton Noir s’est inspiré du collectif que ces auteur·e·s ont publié en 2018 aux éditions Monstrograph, Les artistes ont-ils vraiment besoin de manger?, un recueil de 35 questions posées à 31 artistes sur leurs conditions de vie, de travail, de création.

Pour en savoir plus : www.monstrograph.com

Ton autoportrait :

Je suis un simple poète complexe, poète des sens, un être hypersensible. Je suis aussi un artiste multidisciplinaire, sans oublier que je suis un modèle vivant. Je suis le contenu et le contenant. J’ai de multiples visages. Une amie m’appelle le poète-anthropologue des arts et de la société, ainsi que le philosophe des incertitudes. J’aime jouer avec les ambiguïtés et les controverses. J’écris en moyenne 10 à 20 poèmes par jour, réinterprétant avec fauvisme mes impressions, mes réinterprétations des œuvres d’artistes de partout dans le monde (toutes disciplines confondues). Le monde est ma plateforme d’inspiration. Depuis un certain temps, je me concentre sur les artistes québécois et québécoises, en particulier ceux et celles de ma région.

Je suis un être à découvrir… dans tous les sens. Je me multiplie à chaque poème.

J’ai publié un volume en Israël, en hébreux (120 poèmes avec 12 de mes dessins).

J’habite à Saint-Jean-Port-Joli, un lieu magique. Je participe présentement à plusieurs projets (livre d’art, exposition itinérante, trame vocale pour un projet à La Havane, le Mois de la poésie avec une exposition en cours.)

Que réponds-tu quand on te demande quel est ton métier?

C’est le plus beau… la plus belle des activités qui m’ait été offerte par la vie.

C’est ressentir et partager ce monde fou qui m’environne, que j’habite et qui se laisse prendre et surprendre, tout comme moi.

Créer, c’est quoi?

C’est être honnête envers moi-même, sans aucune limite d’action, l’intuition et la vie m’ont octroyé ce privilège d’aborder les choses et les événements de façon particulière.

Quel rapport ton travail entretient-il avec la réalité?

Comprendre sans comprendre tout à fait, expérimenter des états d’être en sachant pertinemment que je pourrais donner une autre réponse à celle que j’ai émise quelques instants auparavant. Le temps est une couverture imprévisible et je suis heureux qu’il en soit ainsi. Depuis 20 ans je me voue à la cause de la pauvreté (hé oui, cela existe au Québec). Par la force des mots et des actions, je peux faire comprendre ce que c’est que vivre dans la pauvreté, au Québec, en région. Je suis personnellement passé par cette étape malheureuse. L’invisibilité est une solution efficace pour ne pas en parler.

Est-ce que parfois tu en as marre?

J’en ai plus que marre des préjugés… J’en ai marre de tous les préjugés, ceux qui divisent, qui rabaissent et qui excluent.

Qu’est-ce qui te sauve?

Mon amour pour la conscience et la vie… Je suis gourmand de sens et de « faire ». La poésie est le combustible intarissable qui compose l’énergie de mes pensées : une réalité ingouvernable… tout comme moi.

Qui sont tes alliés?

Tout ce qui compose l’Univers. Tout est si fascinant, nous commençons tout juste à comprendre certaines composantes de ce tout infiniment changeant, pourtant stable à certaines échelles. Des particules commencent à penser par elle-même, c’est fascinant.

Qu’est-ce qui est choisi ou subi dans tes conditions de travail?

Je ne choisis jamais rien de vraiment défini au préalable. Je laisse être mon esprit qui sait prendre des directions qui me surprennent toujours. Ma confiance est un moteur à l’élaboration de mes pensées, je laisse mon intuition me dicter ces fantasmes.

Que pense l’enfant ou l’adolescente que tu étais de ton travail ?

Je suis plus près de mon enfance que jamais. Rien n’est bien ou mal. Rien n’est beau ou laid, les choses existent, les êtres existent et il faut les voir sans décider. Comprendre cela, c’est aimer et recevoir.

As-tu vraiment besoin de manger?

Pas quand j’écris ou je dessine. J’oublie alors mon corps et mon existence. J’en meurs chaque fois, d’une mort anormale, mais si intense que j’y retourne souvent sans manger. C’est quand je m’endors que j’ai faim.

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