
Certaines problématiques, telles que la présence de cyanobactérie ou d’espèces exotiques envahissantes, sont de plus en plus importantes dans les lacs à cause des changements climatiques et de l’utilisation accrue des plans d’eau. Pourtant, ces problématiques sont souvent méconnues et difficiles à suivre. Dans ce contexte, qui surveille nos plans d’eau?
Le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, avec notamment le Réseau de surveillance volontaire des lacs (RSVL), ainsi que des universités et ministères font un suivi de l’état des lacs. Pourtant, un plus grand apport de données collectées permettrait d’offrir un meilleur suivi afin d’agir rapidement pour régler des problématiques. C’est pourquoi l’Organisme des Bassins versants du Nord-Est Bas-Saint-Laurent (OBVNEBSL) fait appel à la participation citoyenne avec le programme de sentinelle des lacs qui sera renouvelé pour la saison estivale 2022. L’année dernière, l’implication de 12 bénévoles a permis de surveiller huit lacs. L’organisme invite donc la population, située sur le territoire de l’organisme, à s’impliquer comme sentinelle afin de mieux surveiller nos plans d’eau.
« Une sentinelle est un bénévole qui aide l’OBV1 à poser un diagnostic sur la qualité de l’eau et de l’environnement, d’un lac ou d’une portion de rivière, en prenant l’engagement de faire une inspection visuelle de son lac régulièrement durant la saison estivale »2.
Le temps nécessaire d’implication est à la discrétion du bénévole et il peut varier selon la grandeur du lac. Les sentinelles permettent d’avoir des yeux sur le lac régulièrement et de recueillir les observations des autres riverains, d’avoir une connaissance accrue de diverses problématiques dans les lacs et de réagir rapidement en cas de problématique nécessitant des actions, par exemple pour l’identification d’espèce exotique envahissante.
Les bénéfices de la science citoyenne
Questionnée sur la validité des données collectées par des bénévoles, Marie-Camille St-Amour, coordonnatrice de projet à l’OBVNEBSL, répond que travailler avec des bénévoles fait en sorte qu’il faut s’assurer d’offrir un soutien et de l’accompagnement, mais qu’en retour, la science citoyenne amène aussi d’importants bénéfices.
« Ça amène les gens autour des lacs à s’attarder à leur environnement, à comprendre les problématiques qui ont lieu autour d’eux et après, réaliser qu’ils font peut-être partie du problème et apporter des changements à leur mode de vie », indique madame St-Amour.
Le projet sentinelle des lacs a donc une portée à long terme afin de recueillir des données qui évoluent dans le temps, mais aussi de permettre aux citoyens de mieux voir et comprendre leur impact. En ayant accès à un réseau de suivi gratuit et accessible à tous, les citoyens seront mieux en mesure de comprendre l’impact de pratiques telles que la navigation ou des bandes riveraines et de communiquer ces informations à leur voisin et à la population.
La vision est de développer un réseau de sentinelles bien ancré et pérenne qui peut s’entraider et faire des mentions rapidement sur le territoire. L’organisme va aussi créer un groupe Facebook pour faciliter les échanges, car la rapidité d’intervention est cruciale notamment dans des cas d’espèces exotiques envahissantes comme le myriophylle à épis. Madame St-Amour explique qu’« une fois que le myriophylle à épis a envahi le lac, ce n’est plus possible de l’éradiquer, mais le fait de le détecter au tout début, c’est plus facile à gérer et beaucoup moins cher ».
Comme il y a 89 lacs très habités sur le territoire de l’OBVNEBSL, il y a donc de la place pour l’implication citoyenne. Les personnes intéressées à devenir une sentinelle peuvent s’inscrire en complétant le sondage avant le 12 mai 2022, car il y aura une formation en ligne qui aura lieu en soirée le jeudi 19 mai.
[1] Organisme des bassins versants