
Le mouvement des Incroyables comestibles est né en 2008 dans la petite ville de Todmorden en Angleterre. À l’époque, la crise des Subprimes affecte profondément cette ville qui vivait déjà depuis plusieurs années un déclin. Deux mères de famille réalisent alors qu’elles n’ont rien à attendre de l’extérieur. Elles décident donc de planter un pied de rhubarbe dans un bac à fleurs de la ville avec l’écriteau « nourriture à partager »1. Le contexte actuel avec l’augmentation des prix des aliments, la pandémie, la guerre en Ukraine et les ruptures de stock est une source d’incertitude pour bien des familles. Et si une partie de la solution se retrouvait dans le partage ?
Raphaël Arsenault est bénévole pour les Incroyables comestibles à Rimouski qu’il décrit de la manière suivante : « C’est un mouvement qui invite les gens à se réapproprier l’espace urbain pour le rendre nourricier. C’est un mouvement de partage. Les gens peuvent faire des jardins chez eux, organiser des projets d’agriculture, et la récolte appartient à tout le monde, pas seulement les gens qui s’impliquent dans les jardins, mais toute la population. L’objectif, c’est de créer des liens sociaux parce que l’agriculture, la nourriture en général, c’est un excellent vecteur de tissu social. (…) C’est comme un lieu commun que tout le monde partage peu importe leur orientation politique ou leur backround culturel ».
Les incroyables comestibles de Rimouski sont donc composés de six bénévoles et regroupent une centaine de citoyens. Ils se sont notamment associés avec les Jardins libres, une initiative de la Ville de Rimouski. Ce sont cinq jardins aménagés et répartis à travers la ville, qui ont été transformés en potagers. Les jardins libres sont accessibles gratuitement à toute la population, en tout temps. Les Incroyables comestibles travaillent à favoriser l’implication citoyenne et la ville fournit les équipements et même les semences.
Gérer l’abondance
Raphaël Arsenault observe que les gens qui se lancent dans l’agriculture urbaine font toujours les mêmes constats : cela nécessite beaucoup de travail et de régularité, mais en retour, ils sont surpris de l’abondance des récoltes.
« Il y a une abondance de nourriture quand vient le temps de la récolte. Souvent, on ne pensait pas que ça allait en faire autant et on ne sait plus quoi en faire », mentionne Raphaël Arsenault.
Le bénévole pour les Incroyables comestibles souligne que dans tous les projets d’agriculture urbaine qu’il connait, une importante partie du travail est de trouver des canaux de distribution ou d’en développer afin de gérer la surabondance des aliments durant la période de récolte et de l’arrimer avec la production locale.
Un changement de perspective
Alors que les prix des aliments augmentent, cette abondance d’aliments gratuits dans les rues de la ville peut apparaître comme une providence, mais Raphaël Arsenault souligne que les gens ne sont pas habitués à avoir un accès gratuit à l’abondance.
« J’ai l’impression que le plus gros défi c’est de faire comprendre aux gens qu’ils ont droit de prendre dans ces jardins-là, parce qu’on est tellement habitué que tout est une propriété privée. (…) Il y a beaucoup d’éducation à faire autour de ça ».
Dans un contexte où la pandémie a été une source de solitude et d’isolement, les Incroyables comestibles permettent d’offrir des aliments gratuits pour la population, mais aussi de tisser des liens entre les citoyens. L’idée est de valoriser le partage, l’agriculture dans la joie et de créer « un environnement urbain moins gris pour une meilleure santé psychologique », selon monsieur Arsenault. Des jardins collectifs favorisent la santé physique et mentale, ainsi que la cohésion sociale des communautés.2
Les gens qui souhaitent s’impliquer peuvent adhérer à la page Facebook du groupe et contacter les bénévoles qui offrent leur appui aux différentes initiatives. Chaque jardin faisant partie du mouvement des Incroyables comestibles est clairement identifié au moyen du logo qui représente un petit plant qui sort de terre. En apercevant ce logo sur un jardin, c’est le signe qu’il est possible de prendre soin de ce jardin, de récolter les fruits et légumes à maturité et, s’il y a lieu, de parler au jardinier à proximité.