Champ libre

La Fièvre

Par Mathieu Boucher le 2021/02
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Champ libre

La Fièvre

Par Mathieu Boucher le 2021/02

Vous connaissez peut-ĂŞtre La Fièvre, une formation montrĂ©alaise créée par deux Rimouskoises d’origine, ZĂ©a Beaulieu-April et Ma-Au Leclerc, qui s’est hissĂ©e aux demi-finales des Francouvertes 2020. Leur dernier album du mĂŞme nom, paru fin octobre, s’est fait remarquer, particulièrement pour son deuxième titre, « Faudra faire mieux Â».

Cet engouement s’explique principalement par le ton engagĂ© de la pièce. Il faut dire que cette chanson ne fait pas exception aux autres Ĺ“uvres du duo dont la force rĂ©side dans le texte.« Personne ne souhaite faire de nous des marionnettes. Â» Ou encore Â« Personne ici n’est mon patron. Je mords trop fort, on ne m’approche pas. Tu dĂ©guises ta peur en mĂ©pris. Je vois clair dans ton jeu tu regretteras. Â» Et finalement : Â« Le bruit de leurs bottes fait trembler les murs, nous sommes entre leurs mains, s’éclipser serait dur. Comprends-tu? Â»

Les deux musiciennes partagent, en quelque sorte, leur vision du combat portĂ© contre les prĂ©jugĂ©s, les tabous et les prĂ©conceptions, qui, dans l’œuvre, semblent reprĂ©sentĂ©s par une fièvre contagieuse qui s’étend, mais qui finira un jour par tomber. Elles s’adressent Ă  ceux qui propagent des idĂ©ologies infondĂ©es, et leur disent que pour qu’elles s’arrĂŞtent, pour les faire taire, il Â« faudra faire mieux Â». Elles se montrent fortes, et entĂŞtĂ©es, dĂ©cidĂ©es Ă  dĂ©fendre leurs valeurs.

C’est selon moi un point fort : elles ne cherchent pas la provocation, mais la confrontation, car pour se battre, il faut forcĂ©ment confronter.

Leurs idées, elles les expriment non seulement à travers leurs textes, mais aussi par un instrumental, surprenant. La musique, dans le style dark électro-pop, est assez agressante à la première écoute. Les tonalités dérangent, elles sont à la limite dissonante. Par contre, si on laisse une chance à l’œuvre, qu’on s’y ouvre à et qu’on la réécoute, l’oreille s’habitue et il est plus facile de comprendre tout l’intérêt.

L’aspect agressant est en quelque sorte voulu. De la même manière que les propos sur certaines questions sociétales bousculent, l’instrumental dérange, mais si on écoute attentivement ce que La Fièvre a à dire, on comprend vite l’essence du message lancé, qui, selon moi, est très beau.

Au final, La Fièvre offre une Ĺ“uvre excellente qu’on doit prendre le temps de comprendre pour se laisser imprĂ©gner de son essence. ZĂ©a et Ma-Au jouent habilement avec tous les aspects musicaux et narratifs pour exprimer leurs frustrations, mais aussi pour montrer qu’elles sont prĂŞtes Ă  dĂ©ranger pour protĂ©ger leurs valeurs et leurs convictions. Les deux artistes font preuve d’engagement dans la croisade contre les inĂ©galitĂ©s et les injustices sociales. Comme La Fièvre le chante si bien : Â« Malheureusement pour nous faire taire, faudra faire mieux, faudra mieux. Â»

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