Le blogue du rédac

Pollution : le moment est venu de s’attaquer aux gobelets de café

Par Rémy Bourdillon le 2020/10
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Pollution : le moment est venu de s’attaquer aux gobelets de café

Par Rémy Bourdillon le 2020/10

La semaine dernière avait lieu l’Écomarche BSL, au cours de laquelle les citoyens étaient invités à ramasser des déchets dans la nature. On leur demandait ensuite de photographier leur récolte et de la partager sur les réseaux sociaux, afin de sensibiliser la population à la problématique des déchets sauvages. Le mot-clic #ÉcomarcheBSL n’a pas généré énormément de publications, mais il permet toutefois de constater ce qui contribue le plus à la pollution des espaces naturels du Bas-Saint-Laurent.

Ainsi, sur les photos postées par les volontaires qui ont pris de leur temps pour nettoyer berges et bords de route, on peut voir des cannettes (de bière ou de boissons sucrées), des pailles, des mégots et des paquets de cigarettes, des masques jetables utilisés pour freiner la propagation du coronavirus, des bouteilles de plastique. Des emballages de plastique sont aussi présents, mais on remarque surtout la présence de gobelets de café ou de boissons fraiches provenant de McDonald’s et de Tim Hortons, ainsi que leurs couvercles de plastique.

L’un des objectifs de l’Écomarche était de cibler les lieux les plus affectés et les déchets les plus problématiques. Il sera donc intéressant de voir les actions qui seront prises pour s’attaquer à ces fléaux. Car si des règlements sont déjà adoptés par les municipalités et les MRC pour bannir le plastique à usage unique, la plupart des produits énumérés ci-dessus ne sont pas concernés par ces interdictions.

Par exemple, dans La Mitis, les produits à usage unique qui ont été visés par le règlement adopté en août concernent essentiellement le « prêt-à-manger » selon la conseillère en gestion des matières résiduelles à la MRC de La Mitis, Anne Gauvin Forest. « On a visé les produits comme le styromousse ou les ustensiles de plastique à usage unique, pour lesquels on peut trouver des alternatives compostables ou recyclables. »

Par conséquent, les produits consignés ou recyclables ne sont pas concernés par cette interdiction puisqu’en théorie, ils sont récupérés et ne terminent ni dans la nature, ni à l’enfouissement.

Des faux recyclables

Dans les faits, on voit grâce aux photos de l’Écomarche que bien des contenants consignés et de tasses à priori recyclables finissent dans la nature. Mais il y a une autre réalité que ces clichés ne peuvent pas montrer : bien qu’on ait tendance à penser que les gobelets utilisés dans les grandes enseignes de restauration rapide sont automatiquement recyclés, il est en réalité très difficile de le faire. En effet, ils sont faits de carton recouvert d’une mince pellicule de plastique afin de garder le liquide au chaud, et la plupart des centres de recyclage ne sont pas équipés pour séparer ces deux matières. Lorsqu’ils ne sont pas jetés sur le bord de la route mais dans le bac bleu, il y a donc de fortes chances que ces gobelets terminent à l’enfouissement.

Tim Hortons reconnait d’ailleurs ce problème à mots couverts sur son site internet : « Notre défi actuel concerne l’accès aux programmes de recyclage qui acceptent et traitent nos gobelets pour boissons chaudes, autant pour nos restaurants que pour nos invités, dans le cadre des réseaux de recyclage domestique. »

Pour le bien-être de l’environnement, il serait donc pertinent de s’attaquer à la question des gobelets jetables de café. En Californie, dans la ville de Berkeley, les commerçants doivent par exemple exiger 25 sous de leurs clients s’ils veulent être servis dans un verre jetable.

Le recours à des tasses réutilisables pourrait également être généralisé pour limiter la production de déchets, et ce, pandémie ou pas : l’Institut national de la santé publique du Québec écrit sur son site web «  qu’il n’y a jusqu’à présent aucun cas documenté d’infection à la COVID-19 induite par un contact avec des surfaces inertes contaminées ». Même si certains commerces continuent de refuser que les clients amènent leur propre tasse, il n’y a donc plus aucune raison de le faire.

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