
Les migrations sont des histoires humaines. Chacune est différente. Elles font partie de l’histoire de l’humanité depuis la nuit des temps et ne sont pas une crise en soi. Elles deviennent une crise nécessitant solidarité et actions lorsque les uns sont opprimés par les autres, lorsque les unes sont forcées au déplacement par les autres, lorsque la colonisation autoproclame la supériorité de certains peuples sur d’autres et que la ségrégation et les discriminations se multiplient sous différentes formes et permettent un racisme systémique et des sous-citoyennetés ensevelies sous une tonne de blocages bureaucratiques ou d’intérêts nationaux jugeant les personnes migrantes comme de la main-d’œuvre pour le marché. Alors là oui, il y a crise. Il y a crise quand 78,5 millions de personnes se déplacent actuellement non pas par libre choix mais de façon forcée, car leur territoire est devenu totalement inhospitalier en raison de son exploitation sauvage, de la dégradation de son tissu social et des conditions de vie et de travail, en raison de conflits armés ou sociaux ou encore de conséquences liées au déclin de la biodiversité ou des changements climatiques. Peut-on réfléchir ensemble aux causes de ces déplacements forcés, ou trop peu choisis, faute d’un avenir sécuritaire et viable pour l’actuelle et prochaine génération? Peut-on déconstruire les préjugés et les mythes en ouvrant le dialogue, en s’intéressant davantage aux questions migratoires et internationales et au rôle du Canada, de nos compagnies et de nos impôts dans l’exploitation de peuples et de territoires dont nous connaissons à peine l’histoire et qui, pourtant, se connectent si souvent à notre quotidien via la culture, la nourriture, les sciences, les vêtements, les gadgets, les minerais, etc.?
Il faut savoir que deux tendances inquiétantes sont en hausse depuis quelques décennies : les migrations forcées et le recours au travail migrant. Ces tendances se conjuguent et augmentent constamment la proportion de personnes migrantes qui, n’ayant aucune ou très peu de possibilités de trouver une solution durable pour assurer leur sécurité, se retrouvent privées de l’exercice de la citoyenneté et de leurs droits.
Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), le nombre de personnes forcées de quitter leur foyer a augmenté de plus de 50 % au cours des 10 dernières années.
En 2019, on comptait 79,5 millions de personnes déracinées à travers le monde. C’est une personne sur 100! Parmi elles :
- 26 millions sont des personnes réfugiées (qui ont franchi une frontière internationale) et 45,7 millions sont des personnes déplacées à l’intérieur de leur pays;
- 68 % des personnes réfugiées sont originaires de cinq pays seulement : Syrie (6,6 millions), Venezuela (3,7 millions), Afghanistan (2,7 millions), Soudan du Sud (2,2 millions) et Myanmar (1,1 million);
- 40 % sont des enfants;
- on compte 4,2 millions d’apatrides.
Pouvons-nous être de meilleurs alliés pour faciliter la libre circulation des êtres humains sur la Terre et permettre des migrations sans dangers ni violations des droits humains? Pouvons-nous œuvrer pour que les centres de détention des personnes migrantes soient un jour chose du passé et que plus jamais nous n’enfermions des enfants qui ne cherchent qu’à survivre? Qu’avons-nous à perdre? Les politiques nationalistes à saveur xénophobe et isolationniste ont-elles apporté quelque chose de bon à qui que ce soit les a mises de l’avant, sinon un faux sentiment de sécurité ou de sauvetage d’une culture qui est encore et toujours appelée à muter? Les migrations sont des histoires humaines qui se poursuivront encore et encore. Puissent-elles se faire dans la plus grande hospitalité et la solidarité. Nous pouvons changer les choses. Nous disposons de tant de privilèges pour exercer davantage de solidarité.