
Les fleurs oubliées, long-métrage réalisé par André Forcier, livre un message écologiste actuel, en abordant différents enjeux en superficialité, dans des dialogues dépourvus de subtilité. Le film traite grossièrement de la disparition de la flore et des abeilles au profit de monocultures enrichies aux pesticides. C’est notamment par le retour sur Terre du frère Marie-Victorin et sa rencontre avec le personnage d’Albert, interprété par Roy Dupuis, ex-agronome, maintenant apiculteur-herboriste marginal et isolé, qui caresse le rêve de produire son hydromel en Minganie, que le discours prend forme. Alors que Transgénia, une entreprise de pesticides qui s’apparente à Monsanto, prend le contrôle des terres agricoles et exploite des travailleurs mexicains en les exposant à la toxicité de ses produits, des champs de maïs se mettent à brûler à travers la province. Lilly, une jeune mère journaliste, interprétée par Juliette Gosselin, se donne pour mandat de dévoiler toutes les injustices qui découlent du système agricole et alimentaire en place. Parallèlement, le neveu d’Albert (Émile Schneider) ainsi que ses camarades aux allures punk se révoltent contre ce même système en prônant l’agriculture urbaine comme solution à la situation.
Le style des premières scènes, apparemment confus et empreint d’un certain malaise, révèle finalement un surréalisme qui vient ajouter un ton comique au tragique de la trame de fond. Le film dresse un portrait, qui tente d’être global, d’un système alimentaire sous l’emprise du capitalisme, en abordant l’exploitation étrangère, les intrants chimiques, la disparition de la flore et des abeilles, et même l’incompétence policière, et en apportant comme solutions le biologique, les actions radicales par le feu, la culture maraîchère, le dumpster diving (récupération dans les poubelles) et l’apiculture. Ce portrait de la situation agroalimentaire reste toutefois naïf et semble trouver fondement dans des articles de manchettes. Les clichés qui transcendent le film viennent d’ailleurs appuyer cette idée. Par exemple, le but premier des frères travailleurs mexicains est de travailler pour enfin réaliser le rêve de leur mère : posséder une maison. On y confronte aussi la vieillesse désillusionnée à la jeunesse remplie de fougue et d’espoir dans une scène entre Albert et Lilly. En parallèle, on s’intéresse en plus aux histoires de famille et aux amours des personnages. Vu la pluralité des sujets, il est sensé que Forcier ait préféré les aborder en surface. Peut-être aussi que son intention était de rendre compte de points de vue populaires. Cette superficialité cadre avec le fantastique du scénario : une vache sur un bateau qui passe en arrière-plan, des fleurs fluorescentes, du vomi arc-en-ciel; ce surréel rappelle toute la poésie générée à travers la direction artistique. La poésie cinématographique se transmet aussi à travers la trame sonore, qui joue incontestablement un grand rôle tout au long des 102 minutes. Sensible et juste, la musique de Robert Fusil et de Jo Millette nous permet de naviguer à travers cet univers nébuleux.
Bien qu’il soit sorti en 2019, Les fleurs oubliées a été présenté en première gaspésienne, en clôture de la récente édition du Festival international du cinéma d’auteur Les Percéides.