
La quête d’autonomie alimentaire du Bas-Saint-Laurent se poursuit, et devrait même faire partie de la relance économique de la région en période post-covid. Ainsi en a décidé une vaste consultation faite auprès des élus et des acteurs économiques de la région, suite à une demande de la ministre responsable du Bas-Saint-Laurent et ministre déléguée au Développement économique régional, Marie-Ève Proulx.
La ministre voulait que trois projets prioritaires soient formulés. Deux d’entre eux ne sont pas surprenants, à savoir la construction d’un nouveau parc éolien et le déploiement du réseau cellulaire et de l’internet haute vitesse sur l’ensemble du territoire bas-laurentien. Mais le troisième se démarque par son originalité et sa résonance avec l’air du temps : il s’agit de mettre en place un réseau de production agroalimentaire en milieu fermé à l’échelle de la région.
Selon le maire de Mont-Joli Martin Soucy, il n’y a pas d’exemple type qui est sorti de cette consultation menée par l’Espace d’accélération et de croissance du Bas-Saint-Laurent (dont il est le représentant élu) en collaboration avec la Table régionale des élus et le pôle d’économie sociale. Il parle donc de ce futur réseau au conditionnel : « Chaque MRC pourrait avoir un projet de production alimentaire en vase clos. Par exemple, des serres pourraient amener une autonomie à l’année. Il y a aussi sur notre territoire certains entrepôts dans lesquels on pourrait essayer de la production. Que ce soit pour des légumes ou pour des fruits, mais le grillon est possible également… »
M. Soucy en appelle à l’innovation, et notamment aux principes d’économie circulaire pour augmenter l’efficacité énergétique d’un tel projet : « Par exemple, ici on a une fonderie qui utilise de l’eau pour refroidir ses chaudières, et il en ressort donc de l’eau chaude. Est-ce qu’on pourrait réutiliser cette eau chaude pour chauffer des serres? » Des installations de ce type existent déjà dans la province, comme les serres Demers à Drummondville qui récupèrent la chaleur des moteurs d’une centrale thermique.
Manger du poisson local au bord du fleuve
Le maire de Mont-Joli affirme croire au potentiel de l’aquaculture, se disant « gêné » de voir du poisson élevé en Chine à l’épicerie alors que le Bas-Saint-Laurent, qui s’étend le long d’un fleuve à l’eau salée, a tout ce qu’il faut pour se lancer dans cette voie – y compris les connaissances, concentrées à l’Institut Maurice-Lamontagne. Il serait même possible d’unir production de légumes et pisciculture par le biais de l’aquaponie, système dans lequel l’eau des poissons (chargées en déjections, donc en nutriments) sert à arroser les végétaux.
L’organisme Développement économique La Pocatière s’est chargé d’organiser le travail de consultation. Il a fallu travailler vite et fort, explique son directeur Joël Bourque : « On a reçu le mandat fin mai, et il fallait livrer pour le 15 juillet ». Un sondage a d’abord été organisé auprès de 250 entreprises et organisations de la région, puis un forum en visioconférence impliquant 50 personnes (dont de nombreux élus et la ministre Proulx) pour affiner les propositions. Trois d’entre elles ont été finalement retenues par un comité de priorisation.
Puisqu’il s’agit d’une initiative émanant de la ministre, on peut s’attendre à ce que le gouvernement donne suite à ces demandes. Pour le parc éolien, « il manque juste le OK d’Hydro-QC, un décret ministériel, et c’est parti », assure Martin Soucy. Pour l’autonomie alimentaire, cela risque d’être un peu plus long, mais la roue semble bel et bien lancée.