Non classé

Les vaches savent nager

Par Fred Dubé le 2020/01
Non classé

Les vaches savent nager

Par Fred Dubé le 2020/01

Je me suis donné comme mission d’écrire un texte qui fera rire les écoanxieux et pleurer les climato-passifs. Débutons avec une joke : « C’est quoi le nom du joueur de hockey le plus écologique? Guy Carboneutre. » Votre stress est-il en décroissance?

Chers écoanxieux, votre culpabilité est une commandite de Coca-Cola, et ce, depuis 1960. Cette stratégie marketing, utilisée par tous les grands pollueurs du monde, consiste à mettre le problème de la pollution sur le dos du consommateur pour libérer les corporations. L’industrie de l’emballage, par exemple, va créer un lobby « vert » pour contrôler le message et orienter tout le débat vers le consommateur. « VOUS jetez par terre. VOUS ne recyclez pas. VOUS êtes responsables de la pollution. VOUS êtes des bêtes que nos bonnes compagnies approvisionnent. » Ensuite, lorsqu’on veut régler un problème, on pointe le responsable, mais avec la magie de ce marketing, la corporation disparaît de l’équation. Pas besoin de contrôler la production de plastique, on doit simplement mieux gérer les déchets causés par VOUS, consommateurs barbares. Que Coca-Cola vende 120 milliards de bouteilles en plastique dans le monde ne l’incrimine en rien.

Nous vivons dans un monde où la fortune des milliardaires a augmenté de 900 milliards de dollars en 2018, alors que celle de la moitié la plus pauvre de la population a chuté de 11 %. De plus, 82 % des profits générés en 2017 ont bénéficié à 1 % des plus riches et 100 entreprises génèrent à elles seules 71 % de la pollution planétaire annuelle. Ici, dans le plus meilleur pays du monde, le nombre de millionnaires canadiens bondirait de plus de 50 % d’ici cinq ans. À l’échelle de la planète, les gouvernements donnent chaque année 5 300 milliards de « subventions » à l’industrie des carburants fossiles. Mais on nous dit qu’on n’a pas assez d’argent pour amorcer la transition écologique sans refiler la facture aux plus pauvres. Est-ce qu’on commence à faire des liens entre la lutte des classes et la lutte contre les changements climatiques, c’est-à-dire la justice climatique? L’injustice environnementale, c’est que les populations les plus défavorisées ont accès à un environnement moins sain que les populations plus favorisées, qu’il s’agisse d’air plus pollué, de plomb dans l’eau ou des vox pop de Guy Nantel.

La justice climatique, c’est aussi un toit pour tous dans une ville pour tous! Avec les loyers qui flambent, qui consomment notre budget et brûlent nos vies, les ostis d’pauvres, comme l’élite nous décrit dans ses CA, sont repoussés aux extrémités de l’île de Montréal et, sous peu, jusque dans le fleuve. Le problème, c’est que la plupart des réunions de travail se passent au centre de la ville. Alors, on doit se coltiner le transport en commun jamais à l’heure et toujours plein. En région, c’est encore pire, y’a même pas de transport en commun, ou à peine : un traîneau tiré par des marmottes aux deux jours. Ça nous gruge un temps fou! Pour paraphraser une pièce de théâtre : quand t’es pauvre, tu travailles pas parce que t’as trop de job. Quand j’attends les trois autobus qui ne viennent pas à -20 degrés, mes idéaux d’écolo sacrent le camp dans le sud comme une gang de snowbirds en Winnebago. J’aimerais tellement ça avoir un gros crisse de F-150 qui sent le café Tim Hortons (bu avec une paille) avec la chaufferette dans le tapis l’hiver pis la clim à fond l’été. Je roulerais sur qui je veux quand je veux où je veux. Je tracerais des raccourcis à travers les parcs qui seraient réservés aux ostis d’pauvres. J’irais partout en un rien de temps en écoutant des podcasts sur la vie des rock stars polytoxicomanes. Je veux juste arrêter d’attendre, de perdre mon temps, pis d’être traité comme un sous-homme à qui on donne de la dignité selon le nombre de zéro sur son rapport d’impôt.

Pour clore, voici une bonne nouvelle en guise de rayon de soleil. « Trois vaches emportées par un ouragan retrouvées vivantes sur une île! Emportées en mer par la montée des eaux causée par l’ouragan Dorian, les vaches ont été retrouvées vivantes à des kilomètres de là. Elles auraient nagé de 6 à 10 kilomètres en mer ». C’est-tu pas une bonne nouvelle, ça! Si des vaches non palmées ont pu nager comme un cheval dans soupe jusqu’à la terre, je me dis qu’il y a de l’espoir pour les singes imberbes à chapeau haut de forme toujours en retard que nous sommes. 

Partager l'article

Image

Voir l'article précédent

« We Exit. » Nous sortons!

Image

Voir l'article suivant

Autre temps, autres vieux