
«Bonne » nouvelle? L’urgence climatique est désormais omniprésente dans les médias. Si, au fil des projections sur l’évolution du climat, le tableau s’assombrit, le désir d’agir, lui, monte en puissance : les citoyens modifient leurs habitudes, des municipalités s’engagent et on presse les gouvernements de faire de cette question une vraie priorité. L’heure de l’entrée en scène des régions dans ce dossier a sonné. La mise à jour du plan d’action bas-laurentien Par notre PROPRE énergie1 pave la voie de la transition énergétique concertée à l’échelle régionale.
Les derniers mois ont été ponctués d’événements majeurs nous alarmant sur une situation climatique critique et sur un effondrement de la biodiversité. Parmi ces événements : la démission du ministre français de l’Environnement Nicolas Hulot, la parution du retentissant rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC)2 et de celui de la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) sur la biodiversité et les services écosystémiques3.
Malgré certaines réactions de découragement (notamment en raison du fossé parfois important entre la parole et les actes), on constate une réelle mobilisation, incarnée par exemple par la jeune militante Greta Thunberg en Europe, par le Green New Deal aux États-Unis et par le Pacte pour la transition au Québec. Par ailleurs, en réponse à la préoccupation citoyenne, plusieurs instances, dont 365 municipalités, ont déclaré l’état d’urgence climatique. Cette prise de position est certes saine, mais elle induit un risque : celui que les moyens pris pour agir soient désordonnés et se dédoublent.
Ne pas réinventer la roue
Voilà où la mise à jour du plan d’action Par notre PROPRE énergie du Bas-Saint-Laurent, proposé à la mi-juin, trouve toute sa pertinence. Fruit du travail soutenu de ses membres (le Conseil régional de l’environnement du Bas-Saint-Laurent et des acteurs socioéconomiques des secteurs du transport, de l’énergie, de l’aménagement du territoire et de l’économie circulaire), ce plan d’action « 2.0 » regorge de solutions et d’idées mûrement réfléchies, adaptées à la région et offertes sur un plateau d’argent aux citoyens et aux élus souhaitant trouver un cadre de référence pour prendre des décisions visant la transition énergétique et leur donner un impact maximal.
Chacun des axes du plan (transport de personnes et de marchandises, aménagement du territoire et urbanisme, chauffage des bâtiments, divers) se décline en objectifs spécifiques associés à un niveau de priorité. Les objectifs se divisent à leur tour en actions portées par des organismes dans des projets en cours ou à venir. Tout aussi importants, des exemples de mesures concrètes4 pour la mise en œuvre des actions complètent la nouvelle mouture du plan d’action.
Des opportunités pour notre territoire
En plus des effets positifs escomptés en regard du défi climatique, ces actions et mesures ouvrent de nombreuses occasions pour la région en termes d’emplois et de retombées socioéconomiques.
Comme le nom de cette initiative de mobilisation et d’adaptation l’indique, on veut recourir à de l’énergie PROPRE, mais également utiliser notre PROPRE énergie, c’est-à-dire de l’énergie produite localement. Les régions comme le Bas-Saint-Laurent sont particulièrement bien placées pour montrer leur leadership et leur détermination à prendre le problème avec sérieux et de façon stratégique. Comment? En faisant preuve de cohérence dans l’utilisation des ressources renouvelables du territoire, par exemple en recourant à la biomasse forestière résiduelle pour remplacer le mazout dans le chauffage d’immeubles ou encore en mettant en place un système de transport collectif régional électrifié, alimenté notamment par l’électricité produite régionalement comme celle du parc éolien communautaire Nicolas-Riou.
D’ailleurs, ces moyens, à l’instar de plusieurs autres (transport maritime ou ferroviaire des marchandises, aménagements pour le transport actif, circuits courts de transport d’aliments, etc.), cadrent bien dans les orientations gouvernementales actuelles qui soutiennent l’efficacité énergétique et le recours aux énergies renouvelables, une conjoncture attendue depuis longtemps pour aller de l’avant.
L’heure n’est plus aux atermoiements. Pour freiner la dégradation du climat et renverser la tendance, il faut dès aujourd’hui poser des gestes qui auraient dû être faits… avant-hier. Seuls, le CREBSL et ses partenaires ne peuvent réaliser la transition énergétique régionale. La participation de tous les acteurs bas-laurentiens est indispensable pour passer du plan à sa réalisation.
À l’instar du Bas-Saint-Laurent, les conseils régionaux de l’environ-nement de l’ensemble du Québec coordonnent une démarche analogue dans leur région respective. Si la crise climatique est globale, nous croyons que l’échelle régionale est tout indiquée pour y remédier.
1. Conseil régional de l’environnement Bas-Saint-Laurent, Par notre PROPRE énergie 2013-2020 (version juin 2019), https://www.crebsl.com/documents/pdf/2019/pnpenergiebsl-plan_d_action-tableau_juin2019.pdf
2. Citoyens pour le climat, Rapport du GIEC (résumé), 2019,https://www.citoyenspourleclimat.org/wp-content/uploads/2019/03/ResumeGIEC-CPLC-web.pdf
3.IPBES, Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques, 2019, https://www.ipbes.net/news/Media-Release-Global-Assessment-Fr
4. Conseil régional de l’environnement Bas-Saint-Laurent, Exemples de mesures concrètes de mise en œuvre, juin 2019, https://www.crebsl.com/documents/pdf/2019/annexe_exemples_mesures_concretes_juin2019docx.pdf