
Chine, Allemagne, Québec, Espagne, Italie, Manitoba. Vous aurez la chance de voyager à tous ces endroits le jeudi quatre octobre prochain à l’occasion de la 36e édition du Carrousel international du film de Rimouski. Le deuxième bloc de la programmation de courts-métrages pour jeunes adultes rassemble ces lieux en une heure et demie de projections fort intéressantes. Les films se concentrent tous sur des personnages laissés pour compte, marginaux à leur manière. Du jeune homme vivant avec un handicap mental de Scratch (2017) aux délinquants de Pipinara (2017) en passant par les adolescents membres de la ligue d’improvisation francophone de Winnipeg (Correspondances, 2017), les personnages de ces courts-métrages, réels ou fictifs, surprennent.
Les longs plans fixes de Three Days (2017) de Yingqing Gong traduisent l’angoisse de l’attente d’une jeune étudiante qui espère les résultats de son test d’entrée pour une école. Kleptomami (2017) suit une mère à bout de souffle, qui cache bien plus que les objets volés à la pharmacie dans son carrosse de bébé. Jouant habilement avec des images d’archives et faisant usage de plusieurs extrêmes gros plans loufoques, ce court-métrage allemand n’a pas de mal à faire sourire son auditoire – tout en proposant une réflexion très pertinente sur les attentes sociétales envers les nouvelles mères.
Dans le second court-métrage de Giovana Olmos, jeune cinéaste montréalaise originaire du Mexique, la mort de Jean, « mari et père s’identifiant comme femme durant les derniers mois de sa vie », chamboule l’univers de ses proches. Des tensions naissent entre son fils et sa femme autour de l’organisation de ses funérailles. Seuls à connaître sa nouvelle identité, ils ne s’entendent pas sur la manière de l’honorer. Silvia dans les vagues (2017), avec un brin de fantastique et de beaux plans effectués sous l’eau, est un film sur l’amour familial, bien souvent complexe.
Le titre de Scratch réfère à la violence physique et mentale que subit le jeune protagoniste ainsi qu’à sa manie de ne jamais se promener sans son casque d’écouteurs roses fluo. Il est une sorte de wannabe DJ. À l’image desdits écouteurs, l’esthétique du court-métrage espagnol joue avec les couleurs criardes des lumières fluorescentes du quartier populaire dans lequel vit JM. Témoin d’une agression, il cherchera à venger la jeune femme à ses propres risques.
Dans Pipinara, la violence est davantage en sourdine, mais tout aussi présente. La loyauté des membres d’une bande de voyous à Otis, près de Rome, est testée alors que l’un d’entre eux accepte un contrat de travail sexuel qui tourne au vinaigre. Avec une fin intrigante et une direction photo impeccable, ce court-métrage vaut bien à lui seul le détour. Ce n’est pas étonnant qu’il ait mérité au réalisateur Ludovico Di Martino le prix du meilleur scénario au Concours Créatif Rome.
« Tout va vite », entendons-nous constamment. Prenons donc le temps de réfléchir avec ces jeunes qui grappillent pour rattacher les fils parfois ténus de leurs existences. Laissant presque tous – à l’exception de Kleptomami – une grande place au silence, les courts-métrages réunis dans ce bloc réussissent à dévoiler en peu de temps et en peu de mots des mondes entiers. À vous de découvrir!