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Le réchauffement climatique est enfin arrivé!

Par Pierre Landry le 2018/09
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Le réchauffement climatique est enfin arrivé!

Par Pierre Landry le 2018/09

Non mais c’est vrai! Ça fait combien de temps qu’on en entend parler de celui-là? Cataclysmes appréhendés par ci, catastrophes écologiques d’une ampleur inégalée par là, hausse des températures et des océans, incendies dévastateurs, inondations à répétition, voilà des décennies qu’on nous serine avec ces visions d’apocalypse! Eh bien, enfin, ça y est, on y est! Une autoroute fermée dans les Pays-Bas parce que l’asphalte a commencé à fondre, l’Europe et l’ensemble de l’hémisphère Nord suffocant sous des mercures records, la Californie et la Colombie-Britannique en feu; pendant que tout brûle autour de nous, on dirait qu’y a juste les politiciens qui allument pas! Et avec des requins pèlerins qui viennent se chauffer la couenne jusque dans la baie des Sept Îles, c’est à se demander si ce bon vieux Gilles Vigneault n’était pas carrément visionnaire lorsqu’il entonnait : « On f’ra pousser des oranges dans l’jardin d’ma tante Emma ».

Mais n’êtes-vous pas heureux, fédéralistes pancanadiens, et même vous, simples citoyens aux allégeances mitigées, n’êtes-vous pas heureux, dis-je, de savoir que nous serons bientôt propriétaires d’un formidable pipeline qui, franchissant nos emblématiques Rocheuses, cherchera ainsi, pour la bagatelle somme d’une dizaine de milliards de dollars, à souder nos solitudes, comme le fit jadis le Canadien Pacifique? N’êtes-vous pas heureux de savoir qu’avec McInnis à l’Est, les sables bitumineux en Alberta et un éventuel débouché à Burnaby (Colombie-Britannique), on parviendra à cimenter nos relations et à polluer main dans la main « from coast to coast », ajoutant nous aussi un formidable grain de sable au cœur de cet engrenage intercontinental en train de dérailler? (Et n’ayez crainte, si le projet d’oléoduc Énergie Est s’était avéré la seule solution pour désengorger le brut albertain, on aurait certainement essayé de nous l’enfoncer dans la gorge.)

Les météorologues et autres scientifiques du climat du monde entier sont aux abois. Les scénarios les plus catastrophiques dont ils avaient esquissé l’éventualité sont en train de se matérialiser, plus rapidement et d’une manière plus dramatique qu’ils ne l’avaient prévu. Ils nous le disent et le répètent encore : une hausse de deux degrés Celsius aura des conséquences tragiques; à partir de trois et de quatre degrés supplémentaires, c’est la catastrophe, les deltas les plus peuplés de la terre disparaissant sous les eaux, des continents entiers transformés en désert. Cet été aura été la preuve irréfutable qu’il ne s’agit pas là de fake news, mais que c’est bien notre monde réel qui est en train de chavirer et de sombrer. Et que font nos politiciens? Refuser de voir la vérité en face, à ce stade-ci des choses, ne procède plus de l’aveuglement volontaire, mais bien de la négligence criminelle. Il faut donner un coup de barre radical et immédiat, que cette urgence se reflète sans ambiguïté dans les programmes des partis qui se battent déjà pour avoir notre vote, ici au Québec. Et nous aussi, simples citoyens et citoyennes, avons un devoir impératif de conscientisation et de mobilisation.

Mais que risque-t-il de se passer, en réalité? Un pet dans un océan de plastique. On va continuer à visionner des vidéos de chats. On va s’assir ben cozy dans le lazy-boy de la CAQ – pas fédéraliste, pas indépendantiste, mi-figue, mi-raisin, pas de vagues, pas de remous – pendant quatre ans, pis on va regarder Netflix pas de taxes. De toute façon, y’a pas moyen d’assister à une représentation de SLĀV ou de Kanata, les deux ont été abolies, pis même les ceusses qui les ont pas vues ont pas aimé ça. On aurait pu en apprendre davantage sur nos camarades noirs et amérindiens et sur leur histoire, mais c’est encore le mainstream nord-américain et anglo-saxon qui va dominer. Curieuse victoire à contresens. Ça fait que c’est ça. Business as usual. Les gros arrêteront pas de nous mentir et d’engranger le cash. Nous, on va continuer à se laisser manger la laine sur le dos comme des bons petits moutons blancs qui ne bêleront jamais plus haut que l’endroit où je pense, tant qu’il restera un peu de fourrage dans leur clos. Mais les cultivateurs nous avertissent déjà que la récolte de foin va être des plus maigres cette année.

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