
Sans être trompeur, loin de là, disons que le titre de ce très beau recueil de photographies pourrait être qualifié de quelque peu réducteur. Car oui, bien sûr, les scènes de Jacques Nadeau 2017 ont été captées par l’œil alerte et combien poète du photographe du Devoir au cours de la dernière année, mais elles n’ont rien d’événementiel et ne sont pas tant que cela rattachées à ladite année.
Sans dénigrer ses consœurs et confrères, Jacques Nadeau est un peu le dernier des Mohicans des photojournalistes de la presse écrite du Québec. Et son travail est remarquable… pardon, je me corrige : ses œuvres sont remarquables. Nadeau n’est pas à la recherche de la photo qui témoignera de l’événement d’actualité et encore moins de la photo la plus « sensationnelle », dans le sens que la presse donne aujourd’hui à ce qualificatif. Non, Jacques Nadeau est un artiste, plus qu’un reporter, qui arpente les rues de Montréal, ses caméras en bandoulière, toujours à l’affût du 1/125e — ou 1/60e ou 1/8e de seconde qu’il arrêtera dans le temps et qui sera la représentation, la sublimation d’une scène, d’un personnage, d’une action pour en faire l’IMAGE qui restera.
Plusieurs des photos de son recueil sont assorties d’un court texte décrivant leur contexte de réalisation : quelle était son intention? qu’aurait eu l’air de penser le ministre si son regard avait porté ailleurs? pourquoi a-t-elle été prise à cet instant plutôt qu’à un autre? Le photographe nous entraîne ainsi, un tant soit peu, dans son univers bien personnel de création.
Ce qui caractérise tout particulièrement le travail photographique de Jacques Nadeau, c’est sa recherche constante des sujets humains, faite avec une sensibilité à fleur de peau et une immense générosité dans le regard, comme le souligne sa collègue et amie Josée Blanchette dans la préface. Des visages parfois souriants, parfois tristes, parfois souffrants, toujours parlants, rendant ainsi très justement ce que le photographe voulait montrer. Et pour revenir à ce que je disais au début de ce texte, ni la joie, ni la peine, ni la détresse ne témoignent plus de l’année 2017 que de 1969 ou de ce que sera 2044.
En plus des courtes mentions de Jacques Nadeau, ce très beau et intéressant recueil-témoin est parsemé de courtes lettres que la journaliste Mélanie Loisel adresse aux personnages que l’on retrouve dans les photographies, qu’ils soient quidams ou personnalités publiques. Cet original ajout rend l’ouvrage encore plus riche.
En terminant, je paraphrase la préfacière : Merci l’artiste!