Actualité

Solidaires mais pas trop!

Par Dave Gagnon le 2017/11
Image
Actualité

Solidaires mais pas trop!

Par Dave Gagnon le 2017/11

C’était beau de voir les joueurs de football de la NFL se tenir ensemble à la suite des commentaires incendiaires de Donald Trump à leur sujet. Des dizaines de joueurs ont mis un genou au sol durant l’hymne national afin de protester contre la tension raciale grandissante aux États-Unis. Rappelons que l’ami Donald avait affirmé que les joueurs qui protestaient durant l’hymne national américain étaient des « fils de pute » méritant de se faire congédier. Le phénomène de protestation, qui était au départ assez marginal, a pris une ampleur gigantesque après la diatribe du président américain. Même les propriétaires d’équipes, qui ont été pour la plupart des riches donateurs pour la campagne électorale de Trump, ont participé à ce mouvement de protestation.

Toutefois, un absent notoire lors de cette rébellion était Colin Kaepernick, ancien joueur étoile des 49ers de San Francisco, qui est maintenant sans emploi dans la ligue parce qu’il a… protesté durant l’hymne national l’an dernier.

Colin Kaepernick est un jeune joueur qui a rapidement gravi les échelons dans le monde du football professionnel. Avec sa tignasse de cheveux extraordinaire, ses prouesses athlétiques impressionnantes et un charisme évident, il est aussitôt devenu un chouchou du public, décrochant facilement des contrats publicitaires. Il a utilisé cette notoriété pour envoyer un message à la suite de quelques incidents de brutalité policière contre la communauté noire. Le moyen qu’il a trouvé a été de mettre un genou à terre durant l’hymne national. Alors que ce geste est en vogue aujourd’hui, il était le seul à le faire l’an dernier. Et il en paie encore le prix aujourd’hui.

Il semble bien que Kaepernick a tout simplement mal choisi son moment pour exercer sa liberté d’expression. Malheureusement pour lui, la contestation n’était pas assez à la mode au sein de la NFL en 2016. Les propriétaires aujourd’hui solidaires de leurs joueurs sont les mêmes qui se sont organisés pour que Kaepernick ne soit plus sur le terrain, et des joueurs bien moins bons que lui ont eu une chance. Ce sujet était d’ailleurs une source de frustration chez les joueurs en début de saison, plusieurs pensaient que Kaepernick avait été injustement puni pour sa prise de position politique. Notez que le récent élan de solidarité chez les dirigeants de la ligue n’a pas pour autant rouvert la porte à Kaepernick.

Dommage que ce snobisme ternisse un peu l’image de solidarité affichée par la NFL, car c’est rafraîchissant de voir une ligue sportive prendre position dans un enjeu politique. Les champions de basketball de la NBA vont bouder la visite annuelle à la Maison-Blanche, mais la ligue elle-même est restée discrète dans la tourmente. Inutile de parler de notre sport national, nos hockeyeurs sont si peu politisés qu’ils ne comprennent pas pourquoi une équipe bouderait Trump. Les champions de l’an dernier, les Penguins de Pittsburgh, ont d’ailleurs accepté volontiers d’aller visiter Trump, sans la moindre hésitation.

Pendant ce temps, le club de soccer FC Barcelone n’a pas hésité à prendre position dans la crise référendaire entre l’Espagne et la Catalogne. La situation est devenue tellement tendue qu’ils ont dû jouer un match à huis clos pendant que les forces policières espagnoles jouaient du coude durant le vote référendaire catalan.

Sport professionnel et politique

Que pensent les gens qui clament haut et fort qu’on ne doit pas mélanger le sport et la politique en voyant toutes ces images récemment diffusées? Ne reconnaissent-ils pas que les athlètes, à leur façon, sont capables d’être des vecteurs de changement? On fait souvent la remarque que les sportifs professionnels sont des millionnaires gâtés et un peu bêtes, ne devrions-nous pas être heureux de les voir utiliser leur position pour faire avancer les choses?

On félicite la NFL pour cet élan de solidarité. Voir les propriétaires faire front avec leurs joueurs est digne et respectueux. On pourrait cependant souhaiter revoir bientôt au jeu Kaepernick, qui paie encore pour avoir eu le culot de prendre la parole le premier. La solidarité, contrairement à un match de football, n’est pas qu’un spectacle lors des heures de grande écoute.

Partager l'article