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Pour une Maison de la démocratie à Rimouski

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Pour une Maison de la démocratie à Rimouski

Le ballet des élections municipales prend fin. Cette année, à Rimouski comme ailleurs, les candidats (il n’y a pas de candidates!) se sont trouvé un leitmotiv : ils seront à l’écoute du citoyen. Mais ce qui paraît bien sur une pancarte ne résiste pas nécessairement à l’épreuve des faits : la démocratie municipale est en décrépitude. La loi 122 n’oblige plus les municipalités à tenir de référendum sur des questions d’urbanisme ou d’aménagement du territoire lorsqu’un certain nombre de citoyens le demandent. De plus, la limite pour donner un contrat de gré à gré (sans appel d’offres) passe de 25 000 à 100 000 $. Voilà qui alourdit la chape de plomb qui pèse sur le milieu municipal, trop souvent dominé par des roitelets et où les séances du Conseil ne sont que des pièces de théâtre pendant lesquelles sont avalisées des décisions déjà prises derrière des portes closes.

Dans une époque de crise où on consacre des démocraties « illibérales » (Trump, Poutine, Orban) qui refusent les contre-pouvoirs, le citoyen doit sérieusement engager un changement de culture politique. Le palier municipal, qui est le plus près du quotidien (rues, parcs, écoles, eau, etc.) et où les citoyens sont le plus à même de se rencontrer, est le plus indiqué pour cette réflexion.

C’est dans cet esprit que le Collectif pour une Maison de la démocratie a vu le jour. Les premières discussions pour orienter le projet ont rapidement conclu qu’il était nécessaire de disposer d’un lieu pour organiser des rencontres – d’où la métaphore de « maison ». On rétorquera que des conseils de quartier ont déjà été créés à Rimouski dans le but spécifique de consulter le citoyen. Si le Collectif salue cette initiative, il la considère comme insuffisante. La Maison de la démocratie se veut un endroit pour penser la démocratie et l’implication citoyenne dans le cadre le plus large possible, et non pour se prononcer sur des enjeux spécifiques et ponctuels. De plus, elle souhaite sortir du cadre bureaucratique pour permettre une participation plus dynamique, où les accords s’obtiennent par consensus.

Lieu de discussions, lieu de vie

Le Collectif se garde pour le moment de décrire de manière trop précise ce à quoi la Maison ressemblera : les personnes qui s’impliqueront dans le mouvement décideront de sa forme et la feront évoluer au gré des besoins. Toutefois, des éléments de base ont été définis pour permettre de rejoindre le plus grand nombre. Tout d’abord, une salle multifonctionnelle pourrait accueillir des groupes et des conférences et serait mise à la disposition d’autres mouvements citoyens en manque de locaux. Ensuite, une cuisine collective semble fort importante, car on dit souvent qu’entre le travail, la famille et les autres activités, on n’a peu de temps pour s’impliquer dans la communauté : si les participants aux assemblées cuisinent à tour de rôle, ils peuvent gagner le temps nécessaire à leur participation et pourront repartir en plus avec quelques lunchs. Un coin jeux pour les enfants apparaît également essentiel afin d’assurer la présence des parents. Et enfin, pour permettre d’autres échanges de connaissances, pourquoi ne pas créer un atelier communautaire de réparation avec des outils en libre-service?

Développer une vision horizontale

Un peu partout dans le monde, des groupes tentent de se réapproprier le débat public en s’organisant sur un mode horizontal, et certains vont jusqu’à prendre le pouvoir. Citons par exemple les communes autogérées kurdes du Rojava en Syrie, où la démocratie pousse telle une fleur dans les ruines d’un pays ravagé par la guerre. En France, le petit village de Saillans (1 200 habitants) fait de la politique autrement depuis qu’une « liste collégiale », élue en 2014, a mis en place une gouvernance participative. Dans le Bas-Saint-Laurent, à Trois-Pistoles, des assemblées citoyennes trimestrielles amènent les citoyens à se prononcer sur des sujets les concernant.

Rimouski, avec sa tradition de ville progressiste au tissu social serré, est mûre pour lancer un tel mouvement. Le dossier que le Collectif a déposé au budget participatif a été rejeté du revers de la main par la Ville : « Trop de dépenses récurrentes », a-t-on répondu. Mais cet échec n’a pas affecté la détermination. Les rencontres pour préparer le dossier ont montré un réel engouement dans la population. Dans l’attente que la démocratie ait effectivement sa maison à Rimouski, le Collectif a décidé d’organiser des assemblées citoyennes sur des thèmes divers, un peu comme à Trois-Pistoles. Rejoignez le groupe « Maison de la démocratie de Rimouski » pour participer au mouvement.

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