Aucune règle, pas la moindre loyauté.
Une fois à terre, c’en était fini de vous.
– Jack London
Dans notre ère d’extrême centre, nous avons tendance à dépolitiser les enjeux sociaux et à les ramener à de simples choix personnels. Le syndrome Pierre-Yves McSween. Ce comptable qui a écrit un livre de croissance personnelle pour vos finances. Un mec narcissique, bandé sur son ego, qui écrit d’une main en se masturbant de l’autre.
C’est ainsi que, par exemple, la campagne Bell Cause pour la santé mentale sonne davantage « Sois Bell et tais-toi ».
Tout d’abord, confier à une corporation la cause de la santé mentale est une grave erreur. Il suffit de regarder le documentaire The Corporation. Le film dresse une liste de comportements antisociaux des entreprises dans le monde contemporain, tels que des actions dangereuses pour les travailleurs et la santé des êtres humains. Le diagnostic final fait des entreprises des psychopathes. Ainsi, une corporation psychopathe ne revêt pas les beaux habits d’une noble cause pour notre bien. Si Luka Rocco Magnotta met une belle cravate, je ne vais pas pour autant lui confier le test de ma prostate.
Une société capitaliste, c’est toujours plus de profits en moins de temps possible. Son appétit basé sur la croissance est infini. Selon les besoins de la corporation, ton boss, quand il t’embauche, te crisse une pompe dans le cœur, pis y suce, pis y suce, jusqu’à ce que tu pètes! Une fois que tu es fendu en deux, épuisé, voyant qu’y va perdre de l’argent, là, on te paye un psychologue, pis des médicaments, parce qu’évidemment, le problème, c’est juste toé, le petit individu, y’a pas d’autres causes systémiques comme la survalorisation de la réussite, l’enrichissement individuel, la concurrence, le conformisme idéologique, l’insécurité et le stress.
Quand on subit de l’injustice au travail, on demande d’aller chez le psy. « Je suis pas capable de fournir 50 heures de travail par semaine, je vais aller chez le psy. Je suis stressé, on m’en demande toujours plus, je fournis pas, je vais aller chez le psy. Notre entreprise pollue des écosystèmes, pis crée la pauvreté, j’ai de la misère à dormir le soir, je vais aller chez le psy. Quand mon patron m’agresse sexuellement, je mouille pas, pis ça l’oblige à mettre du lubrifiant, mais le lubrifiant, c’est pas déductible d’impôt, alors mon vagin nuit à la compagnie, je vais consulter un psy!! »
Dans Le Devoir, Steve Dubois et Étienne Boudou-Laforce (respectivement intervenant en santé mentale et intervenant social) écrivaient ceci : « La responsabilité est fortement mise sur les épaules de la personne. Comme si la chronicité des problématiques de santé mentale — ou plus simplement de la détresse psychologique — n’avait rien à voir avec le contexte social et la société néolibérale. Rien à voir non plus avec les politiques d’austérité de nos gouvernements, qui détruisent le tissu social, rien à voir avec l’organisation des services en santé mentale qui priorise les approches biomédicale et hospitalo-centriste, qui n’en finissent pas d’être des échecs cuisants, rien à voir également avec l’hémorragie dans le système de santé et de services sociaux. » Alors notons l’hypocrisie crasse de Philippe Couillard sur son Facebook : « La grande majorité des Québécoises et Québécois seront, au cours de leur vie, touchés par un problème de santé mentale ou connaîtront un proche qui en souffre. C’est pourquoi aujourd’hui nous devons nous mobiliser pour la cause. » Rien ne me fait plus rire que la petite graine sale à Philippe Couillard : c’est un record Guinness d’avoir autant de marde sur si peu de peau!
Même pendant l’hiver, on ne ralentit pas. La nature, elle, oui : les ours hibernent et les fleurs ne poussent plus. Mais nous, on veut en faire autant, aller aussi vite, malgré les tempêtes, la neige et le froid. Je veux que l’hiver s’adapte à mon mode de vie. Je ne veux pas que l’hiver nuise à ma productivité. Voilà un autre bel exemple de dérive qui peut mener à la détresse psychologique.
Tout ça me rappelle un livre de Jack London L’appel de la forêt, dans lequel le chien Buck décrit le chacun pour soi et la lutte individuelle de la ruée vers l’or du Klondike avec « la loi du gourdin et des crocs ».