Actualité

D’un trou d’eau à l’autre

Par Pierre Landry le 2015/11
Actualité

D’un trou d’eau à l’autre

Par Pierre Landry le 2015/11

J’écris ce texte à brûle-pourpoint, entre deux toasts et deux lancements, dans la plus grande cacophonie au chapitre des émotions et des sentiments, avec ces ciels déments d’automne qui crachent leur magnificence contre l’or des battures, et le pointillé des oies blanches perforant la toile d’un bleu tragique qui s’étend bien au-delà des montagnes de Charlevoix. J’écris la tête tout enguirlandée des chansons des Beatles que nous avons éructées toute la soirée avec mes formidables amis musiciens au cœur même de cette Tête d’Allumette qui s’est embrasée d’un seul coup, en présence de proches et de connaissances à peine remis des émois de la veille, le 19 octobre 2015, date mémorable où la vaste majorité du Canada, incluant le Québec, est replongée dans le rouge, journée fatidique où cet inénarrable mais enfin et désormais ex-premier ministre conservateur n’a même pas daigné annoncer au bon peuple qu’il abdiquait à titre de chef de son parti, laissant ce soin aux instances qui se sont acquittées de la tâche par le biais d’un lâche et laconique communiqué. Et pendant que nous buvions de la Tête Carrée à grandes lampées, les conversations allaient bon train, après que la citrouille orange du NPD s’estdégonflée au lieu de se transformer en carrosse doré comme l’aurait tant souhaité cet ex-avocat d’Alliance Québec et ex-ministre du gouvernement Charest, Ti-Tom Mulcair, et croyez-vous vraiment qu’il eut été possible de faire une Cendrillon de gauche d’un homme avec un tel passé, et c’est sans doute là le vrai fond de l’histoire, quand le soulier n’est pas fait pour le pied qu’on lui présente, on a beau recroquevillé les orteils jusqu’à plus soif, il y aura toujours un bout d’ongle qui dépasse pour venir grafigner la tendre chair de l’honnêteté intellectuelle et de la probité. Et certains se désolaient du faible score de cette autre formation dirigée par ce brave Gilles Duceppe, impénitent pèlerin tombé pour une seconde fois, non sans avoir brandi pendant des mois le faisceau de sa foi et de ses convictions, faisant tant et si bien qu’il est parvenu à faire en sorte que le parti dont il assurait la destinée ne se retrouve tout au moins pas sur les blocs; et bien sûr, tout le monde semblait d’accord pour dire que l’enjeu n’était pas là, que le premier objectif visé consistait à visser les conservateurs dans les banquettes de l’opposition tout en extirpant ce chancre de l’obscurantisme et de l’opportunisme politique qui leur faisait office de chef. Vote stratégique oblige, de nombreux isoloirs auront donc assisté à de douloureuses contorsions, le crayon de certains cherchant irrémédiablement à glisser vers la case suivante au moment même où le X s’imposait en imprimant sa dure réalité. Au cours de cette soirée bien arrosée, on épiloguait beaucoup aussi naturellement sur le grand gagnant, la « révélation » de cette élection, ce charismatique Justin que mes proches considéraient un peu trop comme une coquille vide. Aujourd’hui, c’est vous, chers lecteurs et chères lectrices, que j’aimerais prévenir : vous le savez, l’adage en témoigne, le fruit ne tombe jamais loin de l’arbre, tel père, tel vice, et autres truismes du genre, et Justin Trudeau, c’est tout de même le multiculturalisme, l’oléoduc lourd du sale pétrole d’Alberta franchissant nos cours d’eau déjà contaminés par mille et un déversements dont je préfère taire ici la nature, c’est aussi la Loi sur la clarté référendaire, mais la chose semble tout de même évidente, il devra se lever de bonne heure au chapitre de l’ignominie, de la perfidie, du machiavélisme et de la veulerie, pour n’arriver ne serait-ce qu’à la cheville de son horrible prédécesseur dont j’ai juré de ne plus jamais prononcer le nom dans cette chronique. Et, en tout cas, pour conclure sur une note plus joyeuse et vu que ça va être bientôt légal, j’ai bien hâte de pouvoir enfin goûter à la marijuana pour une première fois…

Partager l'article

Voir l'article précédent

Rocco Siffredi et un burkini

Image

Voir l'article suivant

Et si le vent tournait?