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De l’espoir pour le développement de l’Est-du-Québec

Par Dominic Morin le 2015/09
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De l’espoir pour le développement de l’Est-du-Québec

Par Dominic Morin le 2015/09

Le dépeuplement, le vieillissement démographique et la mobilité des personnes sont devenus des enjeux centraux du développement régional québécois. Nos régions et municipalités se retrouvent tantôt en situation de concurrence pour attirer de nouveaux résidents, tantôt associées entre elles dans le développement et la promotion d’une qualité de vie. Pendant que les régions métropolitaines souffrent des maux de la congestion qui s’intensifie, préserver l’occupation et la vitalité des territoires est devenu un mot d’ordre général.

La prise de conscience que la diminution abrupte de la fécondité aurait des répercussions sur le développement économique et social de l’ensemble de la province remonte aux années 1980. La décroissance des inscriptions scolaires entraîne déjà à ce moment des fermetures d’école dans des quartiers et des villages ne comptant plus suffisamment d’enfants. Le choix par beaucoup de familles de s’établir en banlieue témoignait d’une préférence dominante des jeunes pour la vie près des grandes villes, préférence héritière des représentations de la modernité urbaine opposée à la misère associée dans les esprits à l’exode rural.

La décroissance de la population active québécoise avec le passage à la retraite des premiers baby-boomers suscite maintenant des inquiétudes sur le marché du travail et dans le secteur de l’immobilier. Les retraités les plus fortunés et les adultes prêts à déménager dans un environnement sain et riche d’attraits dans le but de mieux concilier travail, famille et vie personnelle sont de plus en plus courtisés pour devenir propriétaires.

Par ailleurs, une société qui ne fait pas assez d’enfants pour remplacer adéquatement les générations est condamnée à décroître dès que le nombre annuel des décès dépasse celui des naissances, à moins de profiter d’une arrivée de jeunes migrants. Le Québec s’est ouvert à l’immigration, mais la régionalisation de l’immigration reste un défi à nombre d’égards.

Il y a vingt ans, dans un Québec endetté, vieillissant et inquiet d’une perte de poids politique et du manque de moyens pour soutenir ses systèmes de retraite, de santé et d’autres services publics, les régions de l’Est, dont le solde migratoire était négatif année après année, devaient négocier avec des scénarios de désastres démographiques, économiques et sociaux. Le recensement de 1991 indiquait un déclin des populations du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine depuis 1986, et les projections annonçaient pour le recensement de 1996 et les suivants une décroissance de la population de toutes les MRC à l’est de l’île d’Orléans, ce qui fut confirmé par les recensements de 1996 et de 2001.

Avec des prédictions aussi maussades, un rétrécissement des perspectives d’avenir pour le développement de l’Est pesait sur les décisions d’investissement, de fermeture et de départ. Le démographe Georges Mathews a employé l’expression « désertification régionale » pour diagnostiquer cette dynamique où les villes centres de l’Est n’arrivent plus à retenir la population des environs.

Des migrations de retour

Heureusement, les statistiques alarmantes ont aussi suscité des initiatives qui ont profité au développement de l’Est et amorcé un changement positif dans la représentation de la mobilité et de la vie hors des régions métropolitaines. La lutte contre l’exode des jeunes qui vise à les « retenir » ou à les « ramener » dans leur région d’origine s’est progressivement transformée en projet de développement misant sur l’encouragement et l’accompagnement des « migrations de retour » depuis les grands centres, mais aussi sur la venue de personnes originaires d’autres régions ou directement de l’étranger.

Si Montréal demeure le principal point d’intégration des immigrants au Québec, les données sur les migrations internes indiquent que, depuis 2006, moins de déménageurs entrent dans la zone métropolitaine formée des régions de Laval, des Laurentides, de la Lanaudière et de la Montérégie qu’il en sort. Dans l’Est, des gains migratoires profitent surtout aux MRC d’Avignon, de Bonaventure, de Rivière-du-Loup et de Rimouski-Neigette. Le taux de fécondité depuis 2006 est aussi plus élevé dans l’Est que dans l’ensemble de la province. Le résultat est qu’il se dessine, au bord de la Baie-des-Chaleurs et de Gaspé, ainsi qu’autour de Rivière-du-Loup et de l’axe Rimouski-Mont-Joli, des ensembles de localités voisines dont la population croît au sommet de la structure des âges (aînés) et à sa base (enfants). La suite reste à faire et à surveiller plutôt qu’à prévoir.

Derrière ces chiffres se profilent d’autres éclaircies : intensification de la mobilité interurbaine à l’intérieur de la région et au-delà; diversification des cheminements et des aspirations; développement des fonctions de quelques villes et de leurs environs; valorisation de l’environnement et de la fluidité des déplacements entre la maison et le travail, entre la nature et la culture, dont le manque est ressenti dans les grandes villes et leurs banlieues.

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