Champ libre

« Pas touche » à mon conservatoire

Par Érick Labbé le 2014/05
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« Pas touche » à mon conservatoire

Par Érick Labbé le 2014/05

La Consultation ministérielle sur l’avenir du Conservatoire m’a permis de découvrir des orientations inquiétantes qui risquent de perturber le paysage musical et artistique de notre région. La proposition du gouvernement est radicale : porter atteinte au réseau des conservatoires en affaiblissant et vidant de leur substance les conservatoires de région, dont celui de Rimouski. Une manœuvre que je dénonce vivement, au nom de la vie musicale de la région du Bas-Saint-Laurent et des emplois qui y sont rattachés.

Pépinière d’artistes aux quatre coins du Québec

Depuis 70 ans, le Conservatoire de musique et d’art dramatique du Québec est une institution qui nous distingue en Amérique du Nord et qui fait l’envie de tous les spécialistes en enseignement artistique sur le continent. Nul besoin de rappeler que le Conservatoire a vu naître une gamme d’artistes talentueux, aujourd’hui ambassadeurs de la vitalité culturelle de notre région. Ces musiciens et artistes forgent jour après jour l’identité culturelle du Québec et nous rendent fiers, ici comme partout dans le monde. Sans les Annie Laflamme, Annie et Nadia Labrie (duo Similia), David Jalbert, Josée Fortin, Mathieu Gaudet, Mylène Bélanger, Steeve St-Pierre et Vincent Boilard (pour ne nommer que ceux-là), notre lien affectif envers la musique serait-il aussi puissant?

Pourquoi mettre un bémol sur la culture au Bas-Saint-Laurent?

Menacé de dépérissement, le réseau des conservatoires subit les conséquences des obligations administratives et immobilières qu’il peine à supporter depuis qu’il est devenu une corporation en 2007.

Depuis, les coupes s’additionnent et elles touchent directement les professeurs et les étudiants musiciens avec des réductions de la durée des cours privés et du temps d’accompagnement au piano. Je crois que le pire reste à venir, car le document de consultation rendu public par le ministère de la Culture et des Communications dresse un bilan fataliste d’une organisation pourtant reconnue pour sa performance. De fait, le Conservatoire jouit d’un taux de placement exemplaire pour ses diplômés, sans parler de son rayonnement dans notre communauté où il est ancré depuis des dizaines d’années. Pourquoi sabrer l’héritage culturel que le Conservatoire transmet aux gens de notre région?

Une centralisation qui sonne faux

Dans ses propositions, le gouvernement envisage notamment que les élèves de niveau collégial et universitaire du Conservatoire de musique de Rimouski soient déportés vers les grands centres, fragilisant considérablement notre orchestre régional et toute notre vie culturelle.

Nous nous retrouverions aussi privés de tous les autres étudiants de niveau préparatoire, qui seraient, pour leur part, dirigés vers les écoles de musique privées. Ces écoles n’ont pourtant pas comme mandat principal de former des musiciens professionnels. Depuis toujours, ce mandat est la force première du Conservatoire de Rimouski et la préoccupation constante de ses professeurs passionnés.

Je pose la question. Je réitère que nous sommes prêts à participer à tout processus de renouveau et à une gestion rigoureuse des fonds publics, dans la mesure où les citoyens du Bas-Saint-Laurent pourront bénéficier du vecteur culturel qu’est le Conservatoire de Rimouski.

Érick Labbé est professeur de guitare au Conservatoire de Rimouski et président de la section locale rimouskoise du Syndicat des professeurs de l’État du Québec (SPEQ).

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