«L’insoutenable démocratie canadienne ». On dirait un mélange entre un livre de Kundera et un cri de jouissance lors d’un trip sado-maso. J’adore.
J’écris cette chronique en voyage à l’étranger. Je suis présentement à Ottawa au pays du Canada, où le Parti conservateur, depuis 2008, a intensifié son occupation en zone québécoise malgré un refus presque unanime du Québec lors de la dernière élection fédérale. Je n’apprendrai rien à personne : le Québec est un prisonnier politique. Voici un portrait de l’ennemi. Voyage au cœur d’une insoutenable réalité.
L’insoutenable Tim Harper
Stephen est comme un Tim Hortons : trop présent au Québec, sous sa façade brune et beige se cache une idéologie crasse, plus beigne que nourrissante. Sa politique est un flux brunâtre nauséabond puisé à même une cafetière made in USA de magasin de donuts.
Stephen Harper est un père de famille sans pellicules, toujours bien peigné, qui aurait pu être coiffeur artistique à force de couper les cheveux de la culture. Il n’aime pas le poil et se permet de raser les pays barbus. C’est un homme de foi plus près des couilles de Dieu que du sein de la Terre. Un politicien conservateur encourageant la liberté… économique. C’est un cowboy de l’Ouest, tirant à bout portant sur le registre des armes à feu, qui aime avoir une armée en santé et des avions F-35 sur sa carte American Express. Harper aime son prochain, sauf quand on parle de mariage homosexuel, préférant que les hommes portent la baïonnette plutôt que la paillette. Il réforme l’assurance-emploi : amputer la main-d’œuvre, ça coûte pas un bras. Il boit son café noir et bitumineux. Son dessert préféré? Le gâteau Reine Élisabeth. Il le mange à genoux en s’essuyant le bec avec le drapeau du Québec!
Il ne nous paraît pourtant pas si menaçant. Pourquoi? L’image. C’est un véritable gentleman à cravate. Il a tellement l’air propre le mec, trop clean le Stéphane. Il a une peau de Swiffer WetJet : il sue de l’eau de Javel, il crache du Purell, il a des jets de Febreze qui sortent de ses aisselles. Les mains de Stephen Harper sont comme les testicules de René Angélil : stériles.
L’insoutenable muselière
Ce qu’il faut savoir, c’est qu’en 2010 Stephen Harper a reçu le prix de la « noirceur journalistique ». Son gouvernement n’est pas transparent, les journalistes et les scientifiques subissent de la censure, bref Stephen Harper ressemble à une brassière : les deux nous cachent des boutes!
Une belle bande de climato-sceptiques! Les conservateurs ne croient pas au réchauffement climatique. Manière polie de dire à Dame Nature de se passer un doigt. Mais quand Dame Nature jouit, l’humanité touche le typhon du baril!
L’insoutenable dépossession politique
Si l’Alberta veut gazer le Québec avec son « oléotrouduc », c’est à Ottawa qu’elle doit demander la permission. C’est comme si un mec paie à boire à son voisin de droite pour avoir le droit de coucher avec sa voisine d’en face. Comme Stephen Harper aurait pu dire : « Si y avait du pétrole dans les fœtus, je serais pour l’avortement. »
L’insoutenable théocratie
Et au Québec on parle de laïcité. Ben d’accord. Commençons par séparer notre État de ce gouvernement fondamentaliste chrétien qui siège à Ottawa, et oblige journalistes et scientifiques à porter la burqa. Quand les conservateurs regardent dans un microscope, c’est l’orteil de Dieu qu’ils voient. Quand j’écoute parler Harper, j’ai l’impression d’entendre un curé des années 1940 qui prêche une doctrine dans le but de garder le peuple dans la Grande Noirceur.
L’insoutenable Maxime Bernier
Ce que j’aime chez ce député conservateur de la Beauce, c’est qu’il n’aura jamais besoin d’un exorcisme : il n’a pas d’âme. D’un point de vue économique, c’est tellement un néolibéral fini que même la « main invisible » d’Adam Smith lui fait un doigt d’honneur!
Rien de plus insoutenable que l’insoutenable soutenu
Je termine ma chronique dans l’autobus qui me ramène chez moi. Je fais Ottawa-Rimouski tel un survenant heureux, car je sais qu’il y en a d’autres, plein, des comme moi, écoeurés de manger du Tim Harper dans un bol en pain. Qui ont faim. Tant mieux. Il n’y a pas de révolutions qui se feront le ventre plein.