
Le voilà enfin arrivé, le très attendu troisième album de Québec Redneck Bluegrass Project, dont le titre, Scandales et bonne humeur, lui va comme un gant. À ceux qui ne les connaissent pas encore, imaginez le débit et l’accent de Dédé Fortin, des paroles dignes de Cayouche, des mélodies qui croisent reels traditionnels et country-bluegrass, avec un ancrage punk qui traverse le tout. Pour les fans, réjouissez-vous! Cette nouvelle galette est dans la lignée des deux premiers albums, mais avec un souci du détail et un affinage qui mettent les nouvelles chansons bien en valeur. Plutôt que de tomber dans les grands refrains fédérateurs, les propositions sont ici plus longues et complexes. Les talents de l’auteur-compositeur JP «Le Pad» Tremblay se réaffirment avec aplomb. Contrairement à tous ces groupes de la vague folk-banjo québécoise, Le Pad ne s’invente pas cowboy, il ne fait que raconter, telles quelles, les chroniques d’une vie rocambolesque, entre la Chine et le bois.
Et il n’est pas question de ralentir le rythme. Celui qui se dit l’antithèse de l’épicurien s’étonne même d’avoir dépassé l’âge du Christ : « Ah ben que l’yâbe me suce, j’ai passé un autre hiver. » En plus des histoires de retour aux sources québécoises où les femmes sont généreuses du « birmini », Le Pad y va d’une chanson romantique « Tsé quand ça va ben », à propos des lendemains sans scandales où les doigts et le pinch sentent encore l’amour. Un style de romantisme qui rappelle celui d’Alex Jones de WD-40.
Sur le plan de la réalisation, ce troisième album est nettement supérieur aux deux premiers. Le travail de Pascal Beaulieu donne du relief au jeu des talentueux musiciens qui accompagnent Le Pad. Québec Redneck Bluegrass Project peut se vanter d’avoir bâti sa popularité sans artifices ni compromis, en demeurant indépendant. Les musiciens parcourront encore le Québec cet hiver pour présenter leurs nouvelles chansons et chaque spectacle promet d’être un événement. Ils étaient au Bic, à Amqui et à Sainte-Anne-des-Monts au début janvier.