Champ libre

Le voyage loufoque de Neil et Buzz

Par Katia Fournier le 2014/01
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Champ libre

Le voyage loufoque de Neil et Buzz

Par Katia Fournier le 2014/01

Neil Armstrong et Buzz Aldrin entrent en scène parés pour le décollage. Leur démarche est lente et assurée. Neil (Brigitte Lacasse) s’installe au piano et Buzz (Olivier D’Amours) prend sa guitare Epiphone Wildkat, reliée à un Moogerfooger MF-102 et à deux amplis Fender à lampes situés quelque part derrière lui. Des dialogues s’engagent, les protagonistes ont installé des micros « contact » sur leur gorge, en dessous de la visière de leur casque improbable, blanc, qui s’agence parfaitement avec leurs habits en Tyvek® achetés chez le quincaillier du coin. On va sur la Lune avec les moyens qu’on a.

La mise en scène se veut absurde et ludique. On a fait un montage vidéo de scènes de fusées qui décollent, de foules qui regardent, de salle de contrôle, de paysages lunaires. Ça chauffe, ça brûle, ça explose. Des images graphiques agrémentent le tout. À un moment, l’écran révèle des spectateurs stupéfaits et impuissants devant la catastrophe qui vient de se produire dans le ciel au-dessus de leur tête : Challenger a explosé, le rêve mégalomane est pulvérisé. Pendant que le duo continue à converser par casques à visière interposés en lisant le verbatim des échanges entre les deux astronautes de la mission Apollo 11, la musique s’improvise. Des notes sont jouées, certaines sont bouclées, les rythmes percutants et les ambiances lunaires alternent, les jeux se superposent. Les riffs joués par Buzz font parfois penser à du Elvis distorsionné. Neil oscille entre un piano mélodique, presque mélancolique, et des textures « bruitistes » provenant de son piano à queue modifié : des pinces ont été ajoutées aux cordes qu’il frappe de maillets métalliques ou qu’il frotte d’objets divers. Les astromusiciens font équipe et nous transportent dans leur voyage spirospatial.

Sur scène, des petits drapeaux américains ornent amplis, costumes et instruments. Ils sont collés à l’envers comme pour respecter le détournement que les artistes opèrent.

Ce concert loufoque ne pouvant se terminer sur une autre note, Neil et Buzz sortent de scène comme ils sont entrés, avec leur démarche en apesanteur, et Neil (alias Brigitte) fonce inopinément dans le rideau noir qui longe la scène, aveuglé par sa visière trop opaque. Les spectateurs rient.

Le spectacle des Monocytes était présenté le 8 novembre 2013 à la salle Desjardins-Telus de Rimouski dans le cadre des Rencontres de Musiques Spontanées. Pour suivre les Monocytes sur internet : www.monocytes.bandcamp.com.

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