Actualité

Coûts sur coups

Par Nicolas Paquet le 2012/10
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Coûts sur coups

Par Nicolas Paquet le 2012/10

On a beaucoup parlé du principe de l’utilisateur-payeur ces dernières années, parfois sans oser le nommer. Dans une approche coûts/bénéfices, on a entre autres demandé aux étudiants post-secondaires de payer plus, beaucoup plus (comme si l’État ne tirait pas lui aussi profit d’une population plus instruite). De plus en plus, les Québécois deviennent des utilisateurs-payeurs. Ceux qui ne peuvent plus payer ne peuvent tout simplement plus utiliser. Cette idéologie, qui plaît beaucoup aux néolibéraux, n’est que la pointe d’un iceberg qui fonce sur nous depuis quelque temps déjà.

Premier cas : la tarification de l’accès aux parcs nationaux. Cela peut paraître plein de bon sens et, à première vue, anodin. Depuis quelques années, sous la gestion de la SÉPAQ, toute personne qui met les pieds dans un « établissement » naturel doit sortir son portefeuille. Pour une famille, c’est 12 $… plus le droit de pêche, les frais de camping, etc. Tout cela a son effet d’entraînement. On trouve maintenant dans les parcs de la province des chalets très luxueux, voire des forfaits gastronomiques. Louer une tente « prête-à-camper » (oui, une tente!) coûte maintenant 93 $ la nuit ou plus. Certains hôtels réputés offrent de meilleurs tarifs. Pourquoi de telles enflures dans les prix? Parce que ceux qui peuvent payer en veulent toujours plus pour leur argent. Ils payent plus, on leur en donne plus, et la spirale s’emballe. La SÉPAQ a enterré sa mission initiale pour engranger des profits. On a oublié que nous nous sommes réappropriés nos parcs aux mains des intérêts privés américains afin de permettre à tous des Québécois de jouir de ces espaces préservés.

Après la nature, la culture. Le Festival d’été de Québec constitue l’exemple le plus criant. Gratuit dans les années 1990, il faut aujourd’hui débourser plus de 50 $ pour en apprécier la programmation. Pour un seul jour de spectacle, on parle de 30 $. Finalement, c’est davantage une série de spectacles payants qu’un véritable festival. On rétorque souvent que le Festival d’été de Québec est moins cher que les autres grands festivals du monde. Dorénavant, ce qui compte, c’est d’attirer les vedettes. L’accessibilité, la possibilité pour un parent d’initier ses ados à autre chose que la pop bébête sans se ruiner, c’est fini.

Regardons la même question sous un autre angle, soit l’accès à des soins de santé de qualité. D’un côté, on assiste de plus en plus à la mise en place d’un système à deux vitesses, de l’autre, on évoque souvent la possibilité d’imposer un ticket modérateur. Dans le premier cas, c’est clairement l’utilisateur qui paye (ceux qui ne payent pas souffrent dans leur coin). De ce point de vue, l’idée du ticket semble plus séduisante. Avec ce système, tout le monde a droit d’être malade… mais pas trop souvent, à moins, encore une fois, de payer. Absurde, non?

La marchandisation n’a plus de limite. Notre société se transforme en un véritable Titanic économique qui sombre dans la nuit glaciale du néolibéralisme.

Une réflexion sur des enjeux tels que l’accessibilité à la santé, à l’éducation et au patrimoine commun pour tous s’impose. Il faut redéfinir nos valeurs et les principes devant nous guider pour un meilleur vivre ensemble, et ce, afin que nous puissions tous nous définir comme des Québécois, équitablement.

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