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Les voiles sont levées

Par Bénédicte Filippi le 2012/08
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Les voiles sont levées

Par Bénédicte Filippi le 2012/08

Un équipage inédit voguera sur le Saint-Laurent cet été. Simon Paquin et Ariane Tessier-Moreau seront aux commandes du premier grand voilier-école québécois. L’équipée inaugurera sa saison le 6 juillet prochain à Rimouski, le nouveau port d’attache du bateau. Rencontre avec deux hardis navigateurs.

« Depuis des années, je voulais devenir pirate, trouver un moyen d’allier la voile à l’engagement social. La rencontre de Simon Paquin a été un déclic », raconte la coordonnatrice de voile d’Écomaris, Ariane Tessier-Moreau, à la veille de son départ pour l’Allemagne. « Pour moi, Écomaris, c’est devenu un projet de vie. » Si Ariane doit s’envoler prochainement pour l’Europe, son retour au Québec s’effectuera à bord du Rotter Sand, le voilier qu’Écomaris a choisi pour mettre en branle son école environnementale sur mer. Ariane sera ainsi du premier des nombreux voyages en mer à prévoir pour le vaisseau.

École sur mer

Écomaris, c’est beaucoup Simon Paquin, directeur et fondateur de l’organisme, qui rêve depuis 2006 d’un voilier-école pour le Québec. L’objectif du projet : faire de l’éducation environnementale par le biais d’expéditions en mer. Pour y arriver, l’équipe d’Écomaris privilégie l’expérience à la théorie. « On utilise le bateau pour faciliter la proximité avec l’environnement », résume Ariane. « En mer, c’est une proximité qui est extrême. Ça va de soi de veiller sur ce qui nous entoure. »

Même son de cloche de la part de Simon qui aime à répéter qu’« on protège ce qu’on aime, on aime ce que l’on connaît ». Au fil du temps, cette tirade est devenue le leitmotiv d’Écomaris. « Le fleuve Saint-Laurent est un bien commun », rappelle le directeur de l’organisation. « Il appartient à tous. Seulement, il est encore méconnu. » Le projet de voilier-école, c’est précisément un moyen d’entrer en relation avec lui et de créer un sentiment d’attachement.

En s’alliant à différents groupes écologistes et organismes environnementaux, Écomaris souhaite bonifier l’apprentissage environnemental de ses passagers. Ce sera pendant les escales que certains acteurs du milieu, des agents de sensibilisation des organismes des bassins versants notamment, interviendront. « On ne veut surtout pas faire de compétition aux gens déjà actifs en éducation environnementale qui se battent pour avoir de la visibilité et du financement », déclare Ariane. Dans cette perspective, Écomaris souhaite que le voilier-école devienne un projet rassembleur, que la communauté le porte et le façonne à son image.

Cap sur les jeunes

Si le voilier sera mis à la disposition de groupes d’adultes et d’entreprises, la priorité d’Écomaris, ce sont les jeunes, particulièrement ceux âgés entre 15 et 24 ans. Pour Simon, les séjours en mer qui leur sont destinés sont très formateurs. « Aujourd’hui, on facilite les épreuves des jeunes, on les protège. Avec des expéditions de voilier, ils se frottent à la mer qui peut se révéler un environnement très dur. » Les séjours en mer se veulent ainsi une expérience initiatique qui conscientise, forge le caractère et développe le sens de l’effort. Au-delà du renforcement des aptitudes individuelles, l’expérience en est aussi une de vivre-ensemble. Ariane, qui a navigué à plusieurs reprises à bord de grands voiliers pour y tester le programme éducatif, confirme. « Partir en mer, c’est un peu quitter la société, mais pour en découvrir une autre. À bord, il n’y a pas de fuite possible. Les iPod, iPad et autres bidules ne résistent pas à une tempête. Quand les vagues et le vent se lèvent, il faut s’accrocher et communiquer. Ça, les jeunes le comprennent rapidement. » Dès lors, il se crée une cohésion et une forte appartenance au sein de l’équipe. « Les liens qui se tissent avec les gens à bord sont spéciaux. On est uni par la mer, c’est précieux », renchérit Simon.

C’est donc une authentique initiation au fleuve que prépare l’équipe d’Écomaris pour les Québécois de tout horizon. Avec l’arrivée du voilier-école au pays au courant de l’été, notre affluent national s’est doté d’une audacieuse tribune.

Souhaitons leur bon vent.

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