Actualité

La persévérance scolaire, un défi partagé

Par Ludovic Decoret le 2012/03
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La persévérance scolaire, un défi partagé

Par Ludovic Decoret le 2012/03

La persévérance scolaire, voilà un terme que nous entendons de plus en plus. Loin d’être nouveau, il démontre les efforts constants déployés par nos jeunes ainsi que par les gens travaillant autour d’eux pour favoriser l’obtention d’un premier diplôme, étape fatidique de la réussite scolaire dans la société québécoise actuelle. Pour cela, bon nombre de réformes, d’outils, de stratégies d’encadrement et de démarches ont été développés et mis en place dans le système scolaire. Les experts dans ce domaine sont nombreux, chacun proposant des solutions toutes plus efficaces les unes que les autres. Et si, au-delà des outils et de l’expertise, nous pouvions tous devenir partenaires et acteurs dans la persévérance scolaire de nos jeunes? Voici la réflexion proposée.

Mais d’abord, qu’est-ce que la persévérance scolaire? Voici une définition créée par le comité Persévérance scolaire de COSMOSS Rimouski-Neigette en mars 2010 : « La persévérance, c’est tenir à ce que l’on veut, croire en ses forces et s’engager afin d’atteindre son but, et ce, à l’intérieur d’une relation signifiante où l’on se sent reconnu, engagé et soutenu dans ce que l’on est, où l’on est et où l’on va. » Cette définition met de l’avant deux aspects. Le premier explique l’importance de pouvoir s’appuyer sur ses propres ressources afin de relever les défis posés sur notre parcours, quels qu’ils soient. À l’école comme ailleurs, les jeunes n’y échappent pas. Que ce soit pour un examen, un accrochage avec un groupe d’amis ou encore une motivation à continuer ses études, ils ont tous des défis.

Relever ces défis n’aurait pas de sens sans un but à atteindre, pouvant prendre bien des formes en fonction des aspirations de chacun. Si voir la lumière au bout des efforts aide à avancer, nous avons besoin de forces et de ressources personnelles pour poursuivre notre chemin. Cela est plus facile à dire qu’à faire quand on est au primaire ou au secondaire et que l’expérience sur ce que la vie nous réserve est en train de se construire.

C’est alors que l’importance des relations entre en jeu. Nous sommes en relation constante avec les jeunes, que ce soit directement avec nos enfants, dans la famille élargie, des amis ou encore comme employeurs, membres d’une association… Nous pouvons tous poser un geste simple afin d’aider et d’encourager les jeunes dans leur persévérance. Il est parfois surprenant de constater qu’une action anodine a pu aider un jeune dans son parcours scolaire.

À titre d’exemple, cette ancienne enseignante qui raconte qu’elle écoutait régulièrement un élève du secondaire quelques minutes par semaine sur ce qu’il vivait, puis lui posait la main sur l’épaule en disant quelques mots d’encouragement. À sa grande surprise, ce jeune l’a remerciée quelques années plus tard, car sans cette écoute et ces petites attentions, il n’aurait pas persévéré dans ses études. Si l’exemple précédent s’insère dans un cadre scolaire, il en existe de nombreux en dehors de l’école. Car c’est bien la communauté entière, et non pas uniquement le monde scolaire (déjà bien occupé par une pléthore de programmes), qui doit se mobiliser pour la persévérance scolaire.

Les témoignages de nos jeunes demeurent les plus frappants. Voici quelques citations tirées de l’évaluation de « AYOYE », un programme d’intervention auprès des adolescents ayant des comportements violents.

– « Moi, ben, je me suis rendu compte qu’il y en avait qui m’aimaient. Fait que là, je le sais et je m’en sers. »

– « À l’école, on travaille pour avoir une job et c’est important, mais pour vivre, c’est aussi important de travailler sur soi-même et c’est ce qu’on a pu faire dans ce groupe. »

– « Savoir comment l’autre pensait me permettait de penser autrement. »

– « Quand tu parles, ça t’enlève du poids de sur les épaules. »

– « J’ai pu voir que je n’étais pas seul à avoir des problèmes dans la vie. On a chacun des problèmes dans nos familles. On n’est pas tout seul. »

À travers ces quelques phrases, une qualité essentielle dans la relation avec les jeunes se démarque : de l’écoute pour ce qui les intéresse et ce qu’ils vivent peut faire de véritables miracles. Pour cela, aucun programme ni aucune expertise ne pourront remplacer une discussion d’humain à humain. Voilà qui illustre bien que « la persévérance scolaire, c’est un geste au quotidien, qui nous implique tous ».

L’auteur est membre du comité de persévérance scolaire Rimouski-Neigette et La Mitis.

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