Champ libre

Opossaum ou comment conquérir, en l’espace de quelques mois, la scène rimouskoise

Champ libre

Opossaum ou comment conquérir, en l’espace de quelques mois, la scène rimouskoise

Le 26 janvier dernier, Opossaum lançait en grande pompe son premier album, À couvert, à l’Espace Scène de la salle Desjardins-Telus. Je n’étais pas seule à attendre avec impatience cet événement, car les fans et les curieux s’y sont faits nombreux, au grand plaisir des musiciens. Quelques jours auparavant, les membres d’Opossaum me confiaient être touchés par le soutien et la reconnaissance de la population rimouskoise. Le groupe se sentait aussi privilégié à l’idée d’avoir, pour son lancement, un espace de qualité autant du point de vue technique qu’esthétique. En effet, en entrant à l’Espace Scène, nous nous sommes tout à coup retrouvés de l’autre côté du miroir, derrière la scène, face à une immensité ouverte et profonde. L’effet était grandiose. Le groupe a joué l’intégrale de ses compositions accompagné des multiples instruments exploités dans À couvert, avec la participation ponctuelle d’un quatuor à cordes baptisé Lémur pour l’occasion et le clin d’oeil. Sur scène, les musiciens, absorbés, ont offert une performance intense devant un public attentif. La seule beauté de voir et d’entendre une chimie comme celle d’Opossaum valait son ovation, à la fin.

Depuis déjà plusieurs années, les six musiciens du groupe évoluent dans le paysage culturel bas-laurentien. Le projet était encore inexistant lorsque Philippe Daigle et Robert Auclair, amis de longue date, ont recommencé à jouer ensemble. Ils nourrissaient l’idée de composer de la musique post-rock, suivant les influences de Mogwai et de God is an Astronaut. Peu de temps après, à l’automne 2009, Antoine Létourneau-Berger et Étienne Chénard entreprirent de présenter leurs compositions, suivis du bassiste Carl Deschênes, qui a d’ailleurs quitté le groupe le mois de juin suivant. Par la suite, Rosalie Tourangeau-Larivière et Jean-Raphaël Côté se sont joints à ce qui devenait peu à peu Opossaum. Le lancement a permis d’officialiser l’arrivée d’un nouveau membre, Luc Truchon qui, à la suite d’un bref jeu de chaise musicale, comble le départ de Rosalie, annoncé l’automne dernier.

La première pièce de l’album, And it became a mountain, est aussi la première pièce qu’Antoine, Philippe et Robert ont jouée ensemble. Elle est ainsi devenue le symbole de la formation du groupe qui, au fil du temps, grandit et se solidifie. Les membres proviennent tous d’horizons musicaux différents, et leur genre, inclassable, le démontre bien. Ils dénoncent quelque peu les phénomènes de catégorisation, tout en admettant intégrer le post-rock indépendant. Il faut dire que malgré le fait qu’Opossaum présente de la musique en grande partie instrumentale, l’album reste « musicalement accessible ». Les membres constatent même que certaines de leurs pièces sont davantage pop, mais ce qui est le plus important, c’est qu’elles répondent aux goûts des musiciens. Avant toute chose, c’est « la musique pour la musique », dit Philippe.

Avec À couvert, Opossaum nous offre une production de toute beauté, un album lumineux aux mouvements multiples et fluides. On y croise par moments une touche à la fois mélancolique et naïve à la Yann Tiersen, par d’autres des ambiances aériennes à la Sigur Rós, mais on ne peut s’y méprendre, Opossaum possède son propre style, issu d’une recherche musicale soutenue. Les membres désirent maintenant se concentrer sur la représentation et cherchent à se produire un peu partout au Québec dans les mois qui viennent.

À couvert est produit de toutes pièces par les membres du groupe, l’album étant magnifiquement illustré par le bédéiste Jean-Sébastien Bérubé. Bref, du local à son meilleur! C’est une trame sonore aux textures riches et puissantes, à partir desquelles on fixe nous-mêmes des mots, des images. À découvrir.

Partager l'article

Voir l'article précédent

Budget Bachand : d’autres choix sont possibles

Image

Voir l'article suivant

De belles histoires