Champ libre

Octobre en février

Par Alain Dion le 2011/03
Champ libre

Octobre en février

Par Alain Dion le 2011/03

Une bonne partie de l’automne 2010 s’est déroulée sous l’empreinte du quarantième anniversaire des événements d’octobre 70. L’enlèvement de l’attaché commercial britannique James Richard Cross, la séquestration et la mort du ministre Pierre Laporte assumées par les militants de la cellule Chénier du Front de libération du Québec (FLQ) et l’application arbitraire de la Loi sur les mesures de guerre ont alors été scrutés à la loupe dans différents médias. Malheureusement, peu d’entre eux ont souligné lors de ces commémorations que les heurts de la Crise d’octobre ne se sont pas terminés avec la libération de James Richard Cross en décembre 70.

En effet, le 8 janvier 1971 s’amorçait un procès tout autant spectaculaire qu’historique, qui marquerait l’histoire politique et juridique du Québec. Accusés de « conspiration séditieuse » lors des événements d’octobre 70, Michel Chartrand, Pierre Vallières, Charles Gagnon, Robert Lemieux et Jacques Larue-Langlois se retrouvaient alors devant le juge Roger Ouimet.

Le procès des Cinq, un petit bouquin « vitriolique » à souhait, retrace minute après minute quelques-uns des moments les plus significatifs de ce procès qui s’étalera sur plus d’un mois. Au fil des événements, nous découvrons la fougue et les talents oratoires des cinq coaccusés qui assuraient eux-mêmes leur défense. La force de leur argumentaire autant politique qu’historique est absolument fascinante à découvrir. Le 12 février 1971, face à ce barrage implacable des cinq, le juge Roger Ouimet cassera finalement l’acte d’accusation et libérera les coaccusés.

D’abord publié en 1971 par le Mouvement pour la défense des prisonniers politiques québécois (MDPPQ), cette réédition du Procès des Cinq établie par Mark Fortier, Pierre-Louis Fortin et Claude Rioux contient une partie des 619 pages de notes officielles sténographiées lors du procès. Brillamment préfacé par Louis Hamelin qui souligne avec justesse le caractère éminemment politique des accusations portées contre les protagonistes, Le procès des Cinq permet à la fois de maintenir dans la mémoire collective un autre aspect de la Crise d’octobre et surtout de jeter un nouvel éclairage sur les réelles motivations du gouvernement fédéral de l’époque.

À la lecture de ces différents extraits, on se prend rapidement à rêver d’une représentation publique d’un tel théâtre politique. En effet, comment ne pas souhaiter voir et surtout réentendre la verve impitoyable d’un Michel Chartrand ou l’argumentaire dévastateur d’un Pierre Vallières au sommet de sa forme intellectuelle?

Afin de souligner les quarante ans de la Crise d’octobre, les Zapartistes ont présenté en octobre dernier un spectacle regroupant des extraits tirés du Procès des Cinq. Pour notre plus grand plaisir, ce spectacle est maintenant disponible sur webtv.coop.

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