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L’ambitieuse réforme d’Obama, un an plus tard

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L’ambitieuse réforme d’Obama, un an plus tard

Le président américain, Barack Obama, a répété tout au long de la dernière campagne électorale : « Oui, nous pouvons! ». À l’heure actuelle, il doit se dire en lui-même : « Oui, j’ai pensé que je pourrais. » Un des éléments qui lui a permis de remporter l’élection présidentielle avec une faible majorité a été sa promesse d’entreprendre une réforme du système de santé des États-Unis.

Une grande majorité des Américains sont favorables à une telle réforme. Même du côté des républicains, on joue la carte de l’ouverture et on prétend être en faveur du changement. Oui, mais quel changement et pourquoi?

Tout d’abord, il faut savoir que le système de santé aux États-Unis comporte plusieurs particularités peu enviables : le coût par personne le plus élevé au monde, soit environ le double de ce qu’il en coûte pour soigner un Canadien; des dépenses en santé représentant la part du produit national brut la plus grande parmi tous les pays membres des Nations Unies; un système qui n’offre pas d’accès universel à la population, un cas unique parmi les pays développés; un système basé surtout sur l’assurance privée, et ce, même si un Américain sur six n’est pas assuré; des centaines d’assureurs privés qui affectent des sommes importantes en administration et en salaire pour leurs hauts dirigeants (une étude de l’université Harvard évalue cette proportion des coûts de santé à 31 %); un système classé au 37e rang par rapport à sa performance selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Dans les sondages, et ce, depuis des années, une majorité d’Américains se disent en faveur de l’accès universel aux soins de santé. Hélas, même en démocratie, la population n’est pas la seule à avoir son mot à dire. Des lobbyistes sont engagés à grands frais pour se porter à la défense du statu quo, protégeant ainsi divers assureurs et entreprises qui tirent actuellement profit de la situation. Les républicains, prônant la liberté de choix et la non-intrusion de l’État, alimentent une campagne de peur dans les médias. Ils évoquent la non-efficacité de l’appareil gouvernemental, l’explosion des coûts et les risques d’une bureaucratisation accrue. Si on n’y prend garde, disent-ils, nous nous retrouverons avec un système de santé paralysé, comme au Canada.

Des chaînes d’information télévisée comme CNN et Fox News sautent dans la mêlée et y vont de leurs propres éditoriaux anti-Obama. On ne se contente plus d’annoncer la nouvelle ou de parler du projet de réforme issu du monde politique. On fait des entrevues avec des « spécialistes » qui sont souvent des journalistes d’autres chaînes, d’autres médias. Ou mieux, on commente les résultats d’un récent sondage qui décrivent les perceptions de la population, perceptions modelées par ce qui est montré dans les médias.

Je ne sais pas pourquoi, mais cela me rappelle les campagnes référendaires du Québec…

Graduellement, la méfiance envers la réforme grandit. Le président, à la recherche des « conditions gagnantes » pour faire adopter son projet de loi, accepte de plus en plus de compromis. En un an, il est passé d’une couverture ou régime public pour les non-assurés à une assurance publique. Celle-ci ne serait pas gratuite, mais « abordable ». Il soutient toujours qu’il forcera les assureurs à élargir leur couverture et à maintenir des produits d’assurance accessibles, mais n’établit pas de règles pour restreindre la façon dont ils refileront ces nouveaux coûts à l’ensemble de leurs assurés.

Tous ceux qui ont voté démocrate il y a un an, espérant obtenir un système de santé à accès universel, risquent d’être bien déçus.

D’un côté plus anecdotique, j’ai eu la chance de découvrir le système de santé des Américains de l’intérieur. Une consultation de quinze minutes avec un médecin, une radiographie et une petite attelle en plastique coûtent près de 1 000 dollars. Imaginez les frais pour un pontage coronarien ou pour le traitement d’une leucémie.

Heureusement, j’avais pris une assurance privée. Je ne peux m’empêcher de penser à tous ces gens qui m’ont raconté leur histoire : des frais médicaux de dizaines de milliers de dollars. Une étude controversée publiée par Health Affairs rapporte que la moitié des faillites personnelles aux États-Unis comportent des dettes médicales.

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