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Bilan critique de l’année 2009 dans le monde de l’éducation

Par Frédéric Deschenaux le 2009/12
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Bilan critique de l’année 2009 dans le monde de l’éducation

Par Frédéric Deschenaux le 2009/12

Encore une fois cette année, le monde de l’éducation au Québec a été le théâtre de nombreux événements. Sans prétendre à l’exhaustivité, ce court bilan critique entend faire un retour sur l’actualité entourant l’éducation.

À tout seigneur, tout honneur, amorçons ce tour d’horizon avec Darwin. En effet, 2009 aura été l’occasion du 200e anniversaire de la naissance de Charles Darwin et du 150e anniversaire de la publication de L’Origine des Espèces, ouvrage marquant dans le monde scientifique, puisqu’il y jette les bases de la théorie de l’évolution. Cet anniversaire a provoqué des réactions douteuses de la part des parlementaires conservateurs canadiens, à commencer par le ministre des Sciences et de la Technologie, Gary Goodyear, qui a refusé d’affirmer publiquement son adhésion à cette théorie. Créationnisme ou évolutionnisme? Entre les deux, son cœur semble balancer…

Demeurons dans le domaine des croyances pour aborder d’autres débats houleux autour du nouveau programme d’éthique et de culture religieuse. Certains groupes de parents s’y opposent vigoureusement et portent leur cause devant les tribunaux. Ce programme provoque un malaise autant chez les partisans de l’enseignement religieux catholique à l’école que chez les plus laïcs. Les uns considèrent le programme trop laïque, mettant sur un pied d’égalité, voire relativisant, toutes les religions, alors que les autres estiment qu’une trop grande place est faite au phénomène religieux… c’est à y perdre son latin!

Parlant de langue, l’enseignement du français a encore fait couler beaucoup d’encre. Le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (drôle d’agencement…) a approuvé la nouvelle orthographe, sans renier l’ancienne. Certains y voient un nivellement par le bas, d’autres un bon pas vers la logique et l’uniformisation des règles.

Septembre, avec la rentrée scolaire, a également remis à l’avant-plan la qualité de la langue des futurs enseignants. De même, les débats sur la réforme de l’éducation, sur l’enseignement de l’histoire et sur l’école privée sont revenus, à peu près en même temps que migrent les oies blanches, comme par une sorte de loi naturelle… Peut-être pourrons-nous régler un jour ces sempiternels débats et finalement nous concentrer vraiment sur la formation et la réussite des élèves?

D’ailleurs, certains élèves ne réussissent pas et quittent prématurément leurs études. Les apparatchiks du Ministère parlent désormais de problèmes de persévérance plutôt que de décrochage… Quoi qu’il en soit, soyons rassurés, un banquier s’en mêle (pas celui de TVA, mais presque). Jacques Ménard, président de BMO, s’implique généreusement pour piloter la rédaction d’un gros rapport sur le décrochage scolaire. Après avoir été présenté comme un sauveur par la Ministre en nous répétant ce que tout le monde savait déjà (mais là, c’est sérieux, c’est un banquier qui le dit), un imposant plan d’action a été présenté. Les écoles en milieux défavorisés seront aidées en priorité. Histoire que ça ne coûte pas trop cher, des centaines d’écoles autrefois qualifiées de défavorisées ont, par magie, été reclassées par une nouvelle grille ministérielle. Maintenant, ça va mieux, elles ne sont plus défavorisées. Dommage, il s’en est fallu de peu pour qu’elles puissent toucher les nouvelles sommes d’argent du plan d’action. Pourtant, les directions de ces écoles n’ont pas observé de changements chez les élèves, qui auraient miraculeusement vu leur situation s’améliorer avec cette nouvelle grille! Qui a dit qu’il n’y avait pas d’espoir pour ces enfants? Cette situation est tout simplement scandaleuse! Pendant ce temps, le Ministère finance, à coup de millions de dollars, un programme de recherche, de concert avec le Fonds québécois de recherche sur la société et la culture. Depuis maintenant cinq ans (et le programme vient d’être reconduit), près d’une cinquantaine de chercheurs à travers le Québec bossent sur la persévérance et la réussite scolaire. Au lieu de faire appel à l’expertise de ces chercheurs qui sont en mesure de donner un portrait juste de la réalité québécoise, on mandate un banquier pour faire le travail…

Et c’est sans parler de ce que Le Devoir a appelé la « Dictature de la charité ». Les journalistes ont lancé un pavé dans la mare en mai quand ils ont levé le voile sur les conditions d’implication de la Fondation Chagnon dans les écoles. Puisque certains individus sont riches et pleins de bonnes intentions, ils peuvent se substituer à l’État et choisir comment intervenir en éducation, et ce, à leurs conditions. Après tout, c’est quand même eux qui paient, disent les mandarins du Ministère!

En 2010, il faudra surveiller plusieurs dossiers chauds. Entre autres, la langue d’enseignement sera un sujet d’actualité : alors que de plus en plus de parents réclament le droit à l’école anglaise pour leurs enfants, la Cour suprême leur ouvre une porte avec la loi 104. De plus, le gouvernement a mis en veilleuse le projet de loi sur la gouvernance des cégeps et des universités…

Quoi qu’il en soit, gardons l’œil ouvert et mobilisons-nous pour faire valoir l’importance de l’éducation dans notre société.

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