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VoRo et Bérubé, deux voix d’ici comme d’ailleurs!

Par Michel Labrie le 2009/11
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VoRo et Bérubé, deux voix d’ici comme d’ailleurs!

Par Michel Labrie le 2009/11

On a l’habitude de la présence du bédéiste VoRo au Salon du Livre de Rimouski, qui d’ailleurs réalise l’affiche une fois encore. Il y présentera cette année son nouvel album, L’Été 63, le premier tome d’une histoire à conclure prochainement. Mais VoRo ne sera pas le seul bédéiste de la région présent. Jean-Sébastien Bérubé de Rimouski y lancera son premier album majeur, intitulé Radisson, d’après l’autobiographie de Pierre-Esprit Radisson, Les extraordinaires aventures d’un coureur des bois. Deux façons différentes d’aborder la BD, avec un professionnalisme qui n’est pas, comme de coutume, celui de l’étranger.

Jean-Sébastien Bérubé, étudiant en arts au Cégep de Rimouski, puis bachelier en BD à Gatineau – il est sorti premier de classe de la toute première cohorte –, nous amène à Trois-Rivières en 1689, alors une enclave menacée par les Iroquois. Cette menace n’empêcha toutefois pas Radisson et deux camarades de quitter le village pour une partie de chasse aux canards. Pris dans une embuscade iroquoise, ses amis furent massacrés. Radisson, lui, fut épargné à cause de son adresse. Conduit au village iroquois, il fut adopté par une famille locale. Ainsi, il fut intégré à la tribu et initié aux coutumes iroquoises. Ce premier tome, Le Fils d’Iroquois, raconte la captivité de Radisson qui dura plus de deux ans.

Le rythme de Fils d’Iroquois est soutenu et vif, même si de nombreuses vignettes au format boîte à lettres ont pour effet de ralentir le récit. Leur contour est tracé à main levée plutôt qu’à la règle, ce qui confère une certaine désinvolture au récit; ceci ne l’empêche toutefois pas d’être bien documenté. Quant au dessin, il est dynamique. Les plans sont variés. Les attitudes et les poses des personnages, souvent des caricatures, sont fort expressives. On pourrait critiquer le nez en bec d’oiseau de Radisson, mais il n’en demeure pas moins le trait distinctif du personnage. Les couleurs sont belles et vivantes, et c’est à un autre Rimouskois, Steve Duchesne, qu’on les doit. Qui sait? Peut-être nous présentera-t-il, lui qui est l’auteur de plusieurs fanzines, un premier album lors d’un prochain Salon. Mais pour revenir à Bérubé et à son album, il fait sans conteste la démonstration de son talent. Le projet Radisson devrait compter quatre, sinon cinq albums.

Quant au nouvel album de VoRo, il s’inscrit dans un tout autre esprit, et même dans un tout autre esprit que ses propres albums précédents, la trilogie Tard dans la nuit et La Mare au Diable qui vient tout juste de faire peau neuve par le biais d’une réédition dans un charmant petit format cartonné.

L’Été 63 s’ouvre sur les images percutantes d’un village vietnamien envahi par des militaires. Puis, le lecteur est transporté à Paris où, pour Jeannot, les vacances d’été annoncent la promesse de sorties avec les amis et de spectacles. Il est heureux du retour de Paul, son père militaire, en permission pour l’été. Ce dernier ne tarde pas à lui apprendre qu’il a une sœur nommée Linh qui réside au Viêtnam. À cause de la guerre, elle vient à Paris vivre avec eux. Cette irruption aura un effet de choc sur le jeune homme qui n’accepte pas cette demi-sœur. Il boude même son père. De quoi alimenter la rage de Jeannot, Paul a décidé d’installer la famille reconstituée en Auvergne, à la campagne, chez sa mère. Les projets d’été de Jeannot tombent à l’eau. Mais, comme c’est à prévoir, une suite d’événements amènera Jeannot et Linh à se rapprocher.

Bien que le récit soit plat et que, à notre grande surprise, la jeune Lihn ne semble connaître aucun problème d’adaptation à son nouvel environnement et à sa nouvelle vie, il reste que les images de VoRo sont belles et irrésistibles. Sans conteste, le récit semble un prétexte pour leur faire place.

VoRo présente des décors fouillés qu’il met en couleurs directement, ce qui crée une atmosphère feutrée et envoutante. Le contour des personnages n’est pas effectué à l’habituel trait noir, mais avec un trait de couleur qui facilite l’intégration des personnages aux décors tout en les mettant en valeur. Mais la force de VoRo réside aussi dans sa capacité à restituer efficacement les émotions des personnages et à nous les communiquer. Il est à ce titre parmi les meilleurs du neuvième art. Je m’interroge par contre sur la pertinence d’une histoire qui intéressera davantage les Européens. J’aurais préféré qu’il mette son talent au service de nos paysages, de nos villes et villages, et d’une histoire qui se déroule ici, bien que je comprenne son empressement et celui de son éditeur à cibler le public européen.

On ne peut que se réjouir et être fiers de ces belles productions de nos concitoyens artistes et leur souhaiter le plus grand des succès.

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