UN SOUS-MINISTRE À LA «HAUTE» POLICE
Si un État laïque sait garder la distinction entre l’Église et l’État, un pays démocratique qui prône la justice et l’égalité ne devrait-il pas se garder de confondre le juridique et le politique? En nommant un sous-ministre à la tête de la GRC, Stephen Harper n’a-t-il pas franchi un pas inacceptable, l’existence d’une police politique étant le propre des États répressifs? Bien sûr, ce ne sera pas la première fois que la GRC se mêle de politique – souvenez-vous du procès de l’agent Samson, pris à poser une bombe –, mais cette officialisation de l’ingérence sent mauvais. Souhaiterait-on que notre « haute » police devienne une CIA de pacotille? Et s’il y avait des prisonniers politiques au Canada, je suppose que nous les appellerions terroristes. C’est le nouveau terme. Et nous ajouterions : « Séditieux d’un attentat manqué en grandes pompes », ce qui fait très joli au Barreau.
Par ailleurs, il semblerait que l’on cherche un patron à Radio-Canada. Pourquoi Stephen n’en sortirait-il pas un de son portefeuille d’amis ministrables? Un juge pourrait faire l’affaire, vous ne pensez pas? Comme la politique de la maison favorise le recrutement à l’interne, gageons que le favori n’est nul autre que ce brave petit Sylvain Lafrance. Réformateur patenté qui a déjà fait ses preuves en enfantant « Espace Musique », Lafrance sera-t-il l’enfant prodige de la société que le gouvernement conservateur cherche à aiguillonner sur une nouvelle voie – aussi impénétrable que celle du bon Dieu?
Que sais-je? Actuellement, la société d’État donne dans l’habitation et nous promet condos et commerces à même sa célébrissime tour. Si vous voulez tenter votre chance pour le poste, il serait mieux que vous ayez quelques dispositions pour l’immobilier. La compétition est féroce. Moi qui ai toujours rêvé d’un condo dans une tour.
BOMBS IN UK
Dans les médias, les « attentats manqués » de Londres ont fait l’effet d’une bombe. Tellement qu’il me semble que les attentats manqués soient une voie d’avenir. On y fera carrière.
En tant que Canadien, il y a de quoi être soucieux : on s’en prend haineusement au siège de notre Constitution. Il faut la rapatrier en vitesse. Elle sera plus en sécurité ici. Loin de moi l’idée de rejeter la patrie mère, mais quand les bombes pètent, il faut prendre les grands moyens. Nous n’avons pas besoin de leçon sur le sujet. Demandons conseil au fils Trudeau, fraîchement élu dans Papineau.
Les Canadiens sont si dociles et les terroristes n’y viennent qu’en vacances. Je vous dis, chez nous, notre Constitution ne court aucun risque. Et si quelques profs de cégep révolutionnaires osent la mettre en péril, nous voterons en moins de deux une loi spéciale. La sécurité est la mamelle des pays libres.