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Prendre soin de notre spiritualité

Par Mathieu Perchat le 2023/04
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Prendre soin de notre spiritualité

Par Mathieu Perchat le 2023/04

L’auteur fait partie de l’Initiative de journalisme local

Un bon nombre d’églises rurales situées au Bas-Saint-Laurent font l’objet d’une reconversion. La dernière en date est la reconversion de l’église Saint-Yves de Rimouski-Est rachetée par un centre d’escalade. Ce qui témoigne d’une baisse de la pratique religieuse. Une question pourrait alors subvenir : de quelle manière la spiritualité se manifeste-t-elle majoritairement aujourd’hui ?

                Le flou conceptuel autour du terme « spiritualité » l’amène à être souvent confondu avec la religion (Abdel Halim, 2021). Dans un tout premier temps, il va falloir poser une distinction entre religion et spiritualité. La spiritualité se définit comme « une recherche intérieure, propre à chaque individu en quête de sens et de buts dans l’existence. […] C’est une force qui connecte l’individu avec lui-même, les autres et l’environnement. » (Rousiau, Renard, 2021). Bien entendu il existe un grand nombre de définitions de la spiritualité areligieuse, mais plusieurs éléments se retrouvent dans chacune d’elles : « la quête de sens ; la transcendance ; le sacré et le sentiment de connexion » (Rousiau, Renard, 2021).

Des valeurs guident la spiritualité sous des degrés variés comme l’altruisme, la sagesse, l’émerveillement, la nature, le rapport au temps s’appelant Flow[1].

Mais la spiritualité est également fortement inscrite dans certains domaines professionnels comme la santé, l’éducation, l’environnement, etc. Par exemple dans les métiers de la santé, la spiritualité se retrouve dans « la recherche de sens ; la recherche d’une transcendance ; la recherche de valeur ; le ciment de l’identité des individus ; et enfin la relation à soi, aux autres et/ou à une force supérieure en laquelle la personne croit » (Pujol, Jobin et Beloucif, 2014, p. 77).

De ce fait, la spiritualité se retrouve aussi dans le monde managérial et de l’entreprise, lorsque les valeurs de l’interconnexion et le sens du travail sont mobilisées.

Dans la quotidienneté, elle se manifeste à travers des activités comme le yoga, la marche, les voyages, la méditation. Mais également à travers l’art, lorsqu’on écoute de la musique ou que l’on contemple un paysage et une œuvre d’art (film, peinture, lecture, etc.). La spiritualité est aussi présente dans les activités de connexions humaines (ou avec d’autres entités), comme les moments passés en famille et ami.es, à la remémoration des bons souvenirs, à la prière… (Rousiau, Renard, 2021).

                On peut donc en conclure que la spiritualité existe sans être religieuse, cette dernière n’étant qu’une forme d’expression de la spiritualité (Roof, 1993 ; Stifoss-Hanssen, 1999). On peut donc être spirituel et athée. La démarche spirituelle a alors comme spécificité d’être plus intime, personnelle, et moins soumise à des positionnements idéologiques, comme des textes sacrés qui vont guider les valeurs à croire, ou un lieu spécifique et institutionnalisé comme une église (Rousiau, Renard, 2021). La spiritualité « […] n’est pas réductible à une catégorie du penser. Elle est l’expression même de la vie, de toute vie ; elle est consubstantielle à la nature humaine » (Frick, 2006, p. 162).

Malgré son caractère intime, personnel et multiculturel, il nous est possible de dégager trois points essentiels :

Il y a un processus de recherche de sens et de son accomplissement. Ensuite une volonté de construire et maintenir une interconnexion avec des personnes particulières (ami.es) et un groupe général (culture, etc.). Et pour finir le caractère transcendant qui correspond au dépassement de soi, à travers le don, la générosité, etc.

Ainsi, la spiritualité serait un trait naturel chez tous les êtres humains, plus ou moins activée selon les personnes et les nécessités du contexte dans lesquelles elles sont insérées.

Sources 

HEYER René, « Du spirituel par l’art, et dans la morale en particulier », Revue d’éthique et de théologie morale, 2021/HS (n° Hors-série), p. 127-134.

ROUSSIAU Nicolas, RENARD Elise, « Chapitre 1. Comment aborder la spiritualité ? », dans : Nicolas Roussiau éd., Psychologie et spiritualité. Fondements, concepts et applications. Paris, Dunod, « Univers Psy », 2021, p. 19-34.

UNDERWOOD Lynn, VAGNINI Kaitlyn, « Chapitre 5. Expériences spirituelles dans la vie quotidienne : effets positifs sur la résilience, le burn-out et les addictions », dans : Nicolas Roussiau éd., Psychologie et spiritualité. Fondements, concepts et applications. Paris, Dunod, « Univers Psy », 2021, p. 85-103.

ABDEL HALIM Lara, « Chapitre 11. La spiritualité au travail », dans : Nicolas Roussiau éd., Psychologie et spiritualité. Fondements, concepts et applications. Paris, Dunod, « Univers Psy », 2021, p. 185-199.

NAVARRO Oscar, OLIVOS JARA Pablo, TAPIAS-FONLLEM Cesar, « Chapitre 10. Environnement et spiritualité : réflexions autour de la connexion à la nature et le bien-être », dans : Nicolas Roussiau éd., Psychologie et spiritualité. Fondements, concepts et applications. Paris, Dunod, « Univers Psy », 2021, p. 171-184.


[1] On peut définir le flow comme un état psychologique spécifique ressenti par une personne quand elle est complètement absorbée par une activité et qu’elle se trouve dans un état maximal de concentration. Cette expérience dite optimale présente huit caractéristiques parmi lesquelles ont peut noter une perception altérée de la durée du temps et une perception de soi qui disparaît et qui est renforcée suite au vécu de l’expérience optimale (Csikszentmihalyi, 1990, p. 79-80).

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