
L’auteur fait partie de l’Initiative de journalisme local
Mais qu’est-ce que l’hyperconsommation ? Elle suit la société de consommation et est née aux États-Unis, dans l’après-seconde Guerre. Les citoyens et citoyennes commençaient à avoir les moyens de consommer au-delà de leur besoin de base. Le travail n’est plus destiné uniquement à subvenir à ses besoins physiologiques, il offre la possibilité de se procurer des biens pour se faire plaisir, augmenter son confort et accéder aux nouvelles technologies.
Ainsi, l’hyperconsommation caractérise la société actuelle, dans laquelle le capitalisme, pour continuer la croissance, incite à la consommation encore et encore.
Les leviers de l’hyperconsommation
L’innovation est l’un des piliers fondamentaux pour faire consommer grâce à l’émergence de nouveaux produits. Par exemple, le numérique est une révolution technologique qui a généré un grand nombre de produits que les ménages se sont empressés de se procurer. Mais, ces révolutions sont sporadiques dans une période, les pseudo-révolutions sont donc utilisées, rendant obsolète un ancien produit sur la promesse que le nouveau est largement supérieur.
Le marketing entre en jeu dans la création de cette croyance. Qui lui est le second levier fondamental de l’hyperconsommation. Le marketing attise le désir des choses, désir qui se voit déconnecté des véritables besoins grâce au développement de techniques pour déceler chaque petite attente des consommateurs et consommatrices. Ce ne sont plus tant les caractéristiques du produit qui seront mises en avant comme arguments de bases, mais plutôt le caractère affectif qui va recouvrir le produit.
L’e-commerce est un autre levier de l’hyperconsommation. Sa disponibilité 24/24, 7 jours sur 7 est un avantage exceptionnel pour la consommation. Et surtout accessible depuis chez soi. Ensuite, l’offre immense présente sur les plateformes d’achat renforce l’individuation, car chacun est assuré de trouver le produit qui va lui correspondre. Sa surveillance des actions des personnes qui consomme participe à sa force. L’e-commerce est capable de savoir ce que vous avez regardé, pendant combien de temps, ce qui vous a fait désister, etc.
Même aujourd’hui, où l’on croit déjouer les plans de la consommation en achetant à bas prix, on tombe dans une stratégie. L’hyperconsommation utilise l’argument des prix barrés, l’achat malin à bas prix. Comme les jours de soldes, le Black Friday, le Boxing day, mais aussi les produits de secondes mains. Toutes ces manières de consommer sont des moteurs de l’hyperconsommation.
De ce fait, la société d’hyperconsommation soutient des valeurs matérialistes et hédonistes, donnant le champ libre au développement des valeurs individuelles.
Les conséquences de l’hyperconsommation
Bien entendu, l’impact environnemental est énorme pour ce mode de consommation, avec la génération d’énormément de déchets. Mais également sur les matériaux extraits des espaces naturels pour la fabrication de tous ces produits.
L’hyperconsommation a également un effet délétère sur les personnes. Après la guerre, pouvoir offrir aux consommatrices et consommateurs les produits de bases améliore la qualité de vie, augmente le bonheur et le bien-être. Mais lorsque que chacun et chacune à largement suffisamment pour satisfaire ses besoins, pas seulement ceux de base, consommer encore plus ne rend pas plus heureux, ou n’améliore aucunement la qualité de vie et le bien-être. Alors que d’autres éléments de la vie offrent bien plus de bonheur et de bien-être, comme passer du temps avec les gens qu’on aime ; mais également pouvoir s’adonner à des loisirs.
Une solution parmi d’autres
Pour tenter de sortir de ce modèle de société, sortir de l’hyperconsommation, le prêt, la location et le partage sont de très bons moyens. D’une part, ils court-circuitent la consommation, d’autre part, les entreprises n’ont plus besoin de compter sur la quantité vendue pour se centrer sur la qualité en proposant à la location ou auprès des produits robustes. Et en dernier, l’individualise se disloque, car on retrouve un lien avec autrui par le partage des biens et des ressources à travers la non-consommation/ possession.
Un exemple concret à Rimouski même est l’outillerie qui va bientôt ouvrir ses portes, et propose une bibliothèque d’outils manuels comme électriques, mais également d’autres objets comme des ustensiles de cuisine, des outils de jardinage, etc. Et tout cela à travers des dons d’outils et/ou des dons volontaires. Magnifique !
Sources
https://outillerierimouski.ca/?fbclid=IwAR1_AotQL0yHo8qer-zXdyq-mg1vp4Z31hNPTEYc0R_BZC-9qaDSz8iPrXM
Moati, Philippe. « Société d’hyperconsommation : promesses non tenues », Revue Projet, vol. 358, no. 3, 2017, pp. 82-87.