
Les changements climatiques, les maladies, les opérations forestières et la chasse sportive continuent de réduire considérablement la population d’orignaux. Ce faisant, ils entraînent des effets néfastes sur la sécurité alimentaire et la souveraineté du peuple anishnabe, sur son propre territoire. Cela est également inacceptable. La poursuite des pratiques actuelles constitue des violations du territoire, de la santé des espèces et des droits des anishnabe soutenus par la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA).
Les orignaux souffrent à cause du colonialisme. Quand nous étions jeunes, nous voyions des orignaux tout le temps, dans les lacs, traversant des routes secondaires et qui se déplaçaient dans le parc. En hiver, on les voyait parfois en groupe de 14 ou plus. Mais au cours des 15 dernières années, les Aînés et les utilisateurs du territoire ont remarqué moins d’orignaux sur le territoire et ont indiqué qu’il fallait faire quelque chose. Nos efforts antérieurs de protection de l’orignal ont mené à un moratoire temporaire sur la chasse sportive dans la réserve faunique La Vérendrye (aussi appelée parc La Vérendrye).
Le Anishnabe Moose Committee (AMC) (« comité de recherche anishnabe sur l’orignal ») est un comité de citoyens composé de personnes de différentes communautés anishnabe (Algonquin) de La Vérendrye et des environs. Nous nous engageons directement auprès de nos communautés pour protéger l’orignal, nos terres et notre culture. Notre cadre de gouvernance traditionnel exige que nous travaillions directement avec nos gens pour nous connecter avec nos traditions et protéger l’orignal et nos terres. Pour ce faire, nous rassemblons les communautés autour de discussions qui génèrent des solutions locales et ascendantes à des problèmes importants comme le déclin de la population d’orignaux. Grâce à ces rassemblements, à la recherche communautaire et au renforcement de la communauté ancrée dans nos traditions, nous renforçons la sensibilisation et la capacité d’élaborer un plan de gestion de l’orignal et, finalement, de récupérer nos terres et de renforcer notre culture. La gouvernance traditionnelle est la voie à suivre pour mieux gérer la terre et les orignaux. Ce rapport est la première phase de notre travail.
Nos recherches ont révélé que les orignaux sont menacés par une mauvaise gestion de la chasse sportive et qu’ils sont victimes d’une chasse excessive par les chasseurs sportifs à La Vérendrye et dans les environs sur le territoire anishnabe. Il y a de nombreux facteurs qui mènent à la chasse excessive dont : trop de chasseurs sportifs ; des règlements de chasse inappropriés qui permettent l’abattage déséquilibré des femelles, des mâles et des faons ; gaspillage et braconnage; et des avantages technologiques injustes par rapport à l’orignal. La cause sous-jacente de ces facteurs est l’intérêt du gouvernement à générer des revenus et son manque de gestion holistique de l’orignal. Les conséquences de ces facteurs sont une population plus petite et déséquilibrée qui ne peut pas se rétablir dans les conditions actuelles. De plus, l’application par les gardes-chasse provinciaux est discriminatoire envers les peuples autochtones. Les gardes-chasse et autres forces de l’ordre ne réagissent pas aux signalements des Anishnabeg, qui restent souvent sans réponse.
L’analyse des résultats de cette étude montre deux principaux moteurs de changement : la déforestation et la chasse sportive. L’exploitation forestière et les opérations forestières associées sont responsables d’une immense perte d’habitat pour l’orignal. La déforestation, la présence de chaleur plus accrue, l’accumulation de neige et la résilience des tiques hivernales ont toutes un impact négatif sur le taux de survie hivernale et le nombre de jeunes orignaux qui se rendent à maturité. De plus, la déforestation décime la biodiversité à tous les niveaux, ce qui entraîne des répercussions écosystémiques pour toutes les espèces, y compris l’orignal.
Pour qu’un plan de gestion de la population d’orignaux soit couronné de succès et que le respect des habitants anishnabe du territoire soit maintenu – toutes les opérations forestières doivent cesser immédiatement, le moratoire sur la chasse sportive à l’orignal doit continuer d’être appliqué et une étude globale, multiméthodes, codéveloppée, co-mise en œuvre et éclairée par les connaissances du peuple anishnabe, doit être une condition préalable.
Nous exigeons que le gouvernement du Québec respecte nos droits en tant que peuple anishnabe et ceux des orignaux pour tout ce qu’ils nous offrent depuis des temps immémoriaux.
Pour lire le rapport complet : https://anishnabeanikiwin.files.wordpress.com/2022/11/anishnabe-knowledge-report_fr_v2.pdf