Exclusivité Web

Les sages

Par Isabelle Paradis le 2022/05
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Exclusivité Web

Les sages

Par Isabelle Paradis le 2022/05

Une communauté se bâtit sur une diversité de gens ayant des champs d’intérêt, des valeurs ou des idées variées. Cependant, des alliances naturelles se créent entre personnes se reconnaissant selon certaines idées par exemple, ce qui peut entraîner des divisions dans le macrocosme. La communauté est donc un ensemble de petits groupes, si on peut dire.

Alors, comment créer une unité? Comment faire un tout qui serait plein, riche et solide partant d’autant de différences? Une maxime de Socrate dit que le tout est plus fort que la somme de ses parties. Séparés, il est difficile d’avancer. Chacun tire la couverte de son côté, selon ses propres idées ou ses valeurs avec toutes les conséquences que cela peut avoir.

Dans certaines cultures, on vénère les aînés, ceux qui ont la richesse d’expérience et de connaissance, sans la volonté d’en soutirer autre avantage que de servir la communauté. Ce sont eux qui portent la sagesse. Ce ne sont pas les spécialistes, les dirigeants ou même les scientifiques. C’est beaucoup plus grand que ça. On ne doit pas s’enfermer dans une pensée dirigée, comme pour celle d’un chef ou d’un chercheur ayant un but précis. On doit avoir une pensée totalement libre.

Bien sûr que je m’aventure sur un sentier dont j’ignore tout de la destination. Mais je crois qu’amener la réflexion au-dessus des considérations terre-à-terre en recourant à la philosophie ou à la sagesse nous permettrait peut-être de plus facilement nous entendre lorsque vient le temps de prendre une décision. Monter sur son petit nuage, pour voir de loin, d’une perspective plus large. Et comme ce n’est pas toujours facile, il y a des gens pour nous éclairer, nous allumer. Cependant, il semble que ces femmes et ces hommes n’ont plus vraiment d’espace dans notre société. Ai-je besoin de parler de la place de l’aîné? Et connaissez-vous beaucoup de philosophes? 

Une voix pour les sages?

Au début de la pandémie, je me suis souvent demandé, mais où sont nos sages? Pourquoi ne les entendons-nous pas davantage? J’aurais eu besoin d’eux pour me faire une idée, me rassurer. Bien sûr qu’il y en a et je les côtoie assidûment. Mais en y pensant, il est certain que si aujourd’hui j’étais une sage, je parlerais peu. Il y a un fort courant, en effet, qui tente d’écraser toute vision qui ne serait pas scientifique selon un point de vue actuel (car la science évolue, on le sait et on comprend que ce qui n’est pas scientifique maintenant le sera peut-être demain, et le contraire est vrai : on sait ce que la science pouvait dire il y a des années). Ainsi, la vision globale n’existe plus. Car cette vision n’est pas une question de vérification, d’analyse, de comparaison, de chiffres. C’est du sentiment, et non de l’émotion, de l’intuition, du presque poétique, c’est regarder et méditer sur la forme du bateau au loin, qu’on ne voit pas lorsqu’on est toujours dessus. C’est l’ombre, la partie cachée, c’est l’envers, le non-révélé, ce qui ne nous touche pas personnellement. Présentement on réfléchit à court terme et chacun selon ses propres valeurs. Personne ne regarde dans la même direction. Comment avancer?

Peut-être faut-il revaloriser la Pensée. Avec un grand P. Celle qui n’est pas accrochée à l’instant présent, au matériel, à l’illusion de vérité. Une pensée qui est plus grande que nous. Si cette idée n’est pas accessible à tous, au moins redonnons à notre monde les sages dont il a tant besoin. Davantage de sages, moins de spécialistes. Et apprenons doucement à monter sur un petit nuage lorsque vient le temps de se forger une opinion, petit nuage qui est au-dessus des médias, des gouvernements, de la science exacte… Bien sûr que tout ce monde doit à un moment jouer son rôle non moins important, mais la Pensée doit être au-dessus d’eux et de chacun de nous.  La grande soucoupe de sagesse, que le vieux au fond de son champ connaît beaucoup mieux que nous, il faut réapprendre à s’y abreuver. Et malheureusement, j’ai envie de dire, ça presse car on est en train de l’échapper!

                                                                                                                    

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