
Alors que les températures se réchauffent avec les changements climatiques, de plus en plus d’espèces végétales exotiques envahissantes (EVEE) peuvent s’adapter au climat gaspésien. Comme elles n’ont pas d’ennemis naturels et elles ont souvent des moyens de défense supérieurs aux autres, Marie-Josée Breton, chargée de projet au Conseil régional de l’environnement de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine (CREGÎM), n’hésite pas à dire que ces plantes « s’installent en sauvage » en prenant plus d’espace et en faisant disparaître certaines espèces rustiques. Dans un contexte d’adaptation aux changements climatiques, la lutte aux EVEE ne doit pas tarder.
« Vu qu’on a moins de neige, que nos hivers sont parfois moins froids, là, tout d’un coup, ces semences-là résistent, s’étalent et s’établissent », mentionne Marie-Josée Breton pour expliquer le lien entre les EVEE et les changements climatiques. La Gaspésie se retrouve présentement avec plusieurs EVEE telles que la Berce du Caucase, le Panais sauvage, la Renouée du Japon ou le Roseau commun. Alors que certaines plantes telles que le myriophylle à épis ont déjà envahi plusieurs régions du Québec, la Gaspésie, encore épargnée, ne doit pas tarder à agir.
« Si on ne s’en occupe pas tout de suite, les plantes vont prendre tout l’espace qu’elles peuvent prendre et là ça va devenir un problème : ça va être plus difficile de les contrôler et ça va être plus difficile de les éliminer. Quand les gens vont décider de s’en occuper réellement, entre autres les élus, il va peut-être être trop tard et ça va peut-être coûter plus cher à les contrôler aussi », explique madame Breton.
Là où l’action individuelle compte pour beaucoup
Dans la lutte aux EVEE, l’action des individus peut avoir une grande importance, notamment pour aider le CREGÎM à identifier et repérer les plantes avant qu’il soit trop tard. « Les gens commencent à sortir dehors, commencent à se promener et peuvent servir d’“aide” pour repérer ces plantes-là qu’on essaie de contrôler et de ne pas leur donner trop d’espace », mentionne madame Breton.
Il faut aussi dire que la présence de plusieurs EVEE trouve son origine de l’action de certains individus qui plantent des EVEE dans leur jardin ou qui propagent ces espèces de lacs en lacs, en ne nettoyant pas leur bateau. La Berce du Caucase, dangereuse pour la santé humaine, ou la Renouée du Japon, dont les tiges sont si robustes qu’elles peuvent s’insérer dans les fissures et percer l’asphalte, sont semées dans les jardins à titre de plante d’ornement1.
Pour un climat de changement
Avec la démarche « Climat de changement », le CREGÎM souhaite informer et sensibiliser les élus et les citoyens aux différentes mesures d’adaptation climatiques afin de faciliter le passage à l’action. C’est dans ce contexte qu’ils invitent les décideurs et gestionnaires régionaux et municipaux ainsi que la population à un webinaire qui abordera les enjeux en Gaspésie, les principales stratégies de lutte ainsi que des projets concrets de contrôle d’EVEE dans un contexte de changements climatiques. Le webinaire aura lieu le 7 juin de 13 h à 14 h et il sera présenté par Michel Chouinard, ex-directeur et chargé de projet sénior pour Le Conseil de l’Eau Gaspésie Sud. Pour y assister, les gens intéressés doivent s’inscrire sur ce lien.
[1] Les informations sont tirées du livre de Claude Lavoie, « 50 plantes envahissantes : protéger la nature et l’agriculture ».