
Quels sont les enjeux actuels et futurs du droit des femmes? Dans le cadre de la journée internationale des droits des femmes, le Journal Le Mouton Noir a posé la question à Émilie Laliberté, agente de développement de la Table de concertation des groupes de femmes du Bas-Saint-Laurent. Celle-ci présente les principaux enjeux comme étant ceux de l’intersectionnalité et de l’accessibilité des femmes aux soins de santé.
L’intersectionnalité : une lutte pour toutes les femmes
Dans les dernières années, Émilie Laliberté a vu les enjeux de l’intersectionnalité se positionner au cœur des luttes féministes. L’intersectionnalité est une approche théorique et pratique où les différentes oppressions ne sont pas vues séparément. Elle parle de « la lutte pour le droit des femmes, pour toutes les femmes » en ne traitant pas, par exemple, « le sexisme et le racisme de façon séparé ». Pour illustrer le propos, elle donne l’exemple des discriminations que peut vivre une femme qui porte le hijab. Il n’est pas possible de considérer la discrimination par rapport au sexe et au symbole religieux comme deux entités séparées : « La femme qui porte le hijab amène des conséquences qui lui sont propres ». Ainsi, l’idée est d’être le plus inclusif. Pour Émilie Laliberté, l’intersectionnalité, c’est « une approche qui vient mettre en lumière que les oppressions se nourrissent entre elles et qu’il faut les déconstruire, sans les hiérarchiser ».
Des barrières à l’accessibilité aux soins de santé
Depuis l’automne, la table de concertation des groupes de femmes du Bas-Saint-Laurent est en train de réaliser un état des lieux sur l’accessibilité des femmes aux soins de santé. L’organisme a réalisé des entrevues auprès de 55 organismes au Bas-Saint-Laurent qui travaillent avec des femmes. Ce qui en sort, c’est que les inégalités par rapport aux femmes leur créé des barrières à l’accessibilité aux soins de santé. Par exemple, les femmes sont en plus grande situation de pauvreté et elles auront plus de difficultés à trouver un moyen de transport pour accéder à leurs soins. De plus, elles ont souvent une plus grande charge mentale reliée à la prise en charge des enfants et elles seront responsables de trouver une garderie pour leurs enfants pendant qu’elles vont chercher les soins nécessaires. Émilie Laliberté donne aussi l’exemple suivant : « Si on prend un angle intersectionnel, une femme qui ne parle par le français, ça va être beaucoup plus difficile pour elle d’accéder à des soins de santé dans sa langue, surtout au Bas-Saint-Laurent où il n’y a pas une grande banque d’interprètes». L’agente de développement souligne aussi que les métiers du soin sont traditionnellement féminins et ils offrent des conditions de travail et salariales moindres qui ne sont pas reconnues à leur juste valeur.
Les enjeux à venir
Émilie Laliberté croit que l’enjeu de l’intersectionnalité devrait se poursuivre dans le futur, mais elle ajoute aussi que la crise climatique risque de toucher tout particulièrement les femmes. Les changements climatiques vont affecter les populations les plus pauvres qui n’auront pas les moyens de se protéger en ayant accès, par exemple, à des équipements de climatisation ou à de l’eau potable.
Alors que le thème de la journée internationale des droits de la femme est « L’avenir est féministe », Émilie Laliberté indique que, pour elle, le thème vise à « ouvrir la discussion, se laisser imaginer c’est quoi un avenir féministe, c’est quoi un monde idéal et féministe pour les femmes ».
Le 8 mars 2022, plusieurs activités ont été organisées pour souligner la journée internationale des droits des femmes au Bas-Saint-Laurent. À travers la région, les membres de la Table de concertation des groupes de femmes du Bas-Saint-Laurent ont prévu des marches, des causeries ou même une soirée d’humour pour souligner la date la plus importante du calendrier féministe. Cette journée est l’occasion de parler des enjeux actuels et futurs du droit des femmes. Lorsque questionnée sur les enjeux actuels des droits de femmes, sont invités à consulter la page Facebook du Centre femme de leur région pour suivre les activités.