
Alors que le gouvernement du Québec repousse encore l’adoption d’une stratégie pour freiner le déclin du caribou forestier, et dans la foulée des recours juridiques annoncés la semaine dernière par plusieurs Nations autochtones au Québec, le Conseil des Innus de Pessamit rappelle sa détermination à protéger le caribou et à faire respecter ses droits, quitte à recourir aux tribunaux.
Le Conseil des Innus de Pessamit rappelle d’emblée que le caribou est d’une importance fondamentale pour les Innus. Son déclin engendre des pertes culturelles inestimables qui menacent directement notre identité. « Nous sommes prêts à nous rendre devant les tribunaux pour la protection du caribou et pour éviter que nous subissions un préjudice irréparable avec le déclin de l’espèce » déclare Jean-Marie Vollant, Chef du Conseil des Innus de Pessamit.
Non seulement le gouvernement du Québec ne respecte pas ses engagements à freiner le déclin, mais les taux de perturbation dans l’habitat essentiel du caribou ne cessent de s’accroître. Encore aujourd’hui, nous recevons des consultations pour des planifications de récolte prévue dans l’habitat du caribou forestier. « En autorisant les coupes forestières dans les sites essentiels pour le maintien du caribou, puis en refusant de s’assoir avec nous afin de discuter de la mise en place de solutions efficaces, le gouvernement nuit consciemment au maintien du lien fondamental qui nous unit à Atiku , le caribou, depuis des temps immémoriaux », s’insurge Jérôme Bacon St-Onge, Vice-chef du Conseil des Innus de Pessamit.
Le Pipmuakan ne sera pas le prochain Val-d’Or
En 2020, le Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs déclare dans son rapport d’inventaire que la population de caribous du Pipmuakan est dans un état précaire. Ce même rapport indiquait des taux de perturbation extrêmement élevés dans l’aire de répartition de cette population. Pourtant, la récolte forestière et l’émission de baux de villégiature s’y poursuivent. Plus au nord, on assiste au déploiement des travaux de récolte qui se resserrent tel un étau sur l’habitat. La population s’isole petit à petit et son habitat se détériore. L’histoire des populations de caribous de Val-d’Or, de Charlevoix et de la Gaspésie se répète.
« Nous sommes présents sur tous les forums de discussion sur le caribou forestier. Nous avons travaillé avec les meilleurs spécialistes, parfois même avec ceux du Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs afin de concilier nos propositions aux enjeux du gouvernement. Nous avons les solutions pour agir maintenant », déclare Marie-Hélène Rousseau, conseillère en gestion intégrée des ressources forestières pour le Conseil des Innus de Pessamit.
Il y a quelques semaines, le ministre fédéral de l’environnement pressait le gouvernement du Québec d’agir pour la protection du caribou forestier. « Nous sommes prêts à travailler avec le Ministre fédéral de l’Environnement pour identifier les actions à mettre en œuvre dans les prochaines semaines pour empêcher la disparition de la harde du Pipmuakan » , ajoute monsieur Jean-Marie-Vollant, chef du Conseil des Innus de Pessamit.
Aire protégée autochtone du Pipmuakan : une solution clé en main
Déposé au gouvernement du Québec à l’automne 2020, le projet d’aire protégée Pipmuakan vise justement à protéger l’habitat du caribou et le patrimoine culturel innu. Il constitue une solution clé en main pour contribuer au rétablissement de l’espèce au Québec et à la réconciliation entre nos peuples.
« Si le gouvernement du Québec voulait démontrer sa bonne foi dans le dossier du caribou et éviter un autre recours juridique, il agirait maintenant en appliquant des mesures de protection dans les secteurs que nous avons identifiés au Pipmuakan. De plus, il répondrait favorablement aux demandes répétées que nous avons faites conjointement avec les Premières Nations d’Essipit et de Mashteuiatsh pour la mise en place d’un réel processus de consultation distinct sur la Stratégie caribou » conclut le Vice-chef, Jérôme Bacon St-Onge.