
Pendant la pandémie, l’apiculture a émergé comme un passe-temps de plus en plus populaire, mais c’est une activité qui n’est pas exempte de défis. Virginie Tardif et Vincent Philippe-Picard ont donc créé l’entreprise Melifera, une école d’apiculture nomade pour accompagner ces nouveaux adeptes de l’apiculture. Bien que leur budget marketing soit allé dans la décoration de leur van, le bouche-à-oreille a rapidement fait son travail. Ils se déplacent maintenant dans leur fourgonnette à travers le Québec pour répondre aux besoins des apiculteurs amateurs. Le Bas-Saint-Laurent n’échappe pas à cet engouement pour l’apiculture, avec des demandes provenant notamment de Saint-Valérien, de Saint-Antonin ou de la Matanie.
L’entreprise Melifera s’adresse autant aux individus, aux entreprises et institutions qui souhaitent un accompagnement en apiculture. Vincent et Virginie observent que les raisons de se lancer dans l’apiculture sont multiples : lutter contre le déclin des pollinisateurs, créer son propre miel ou même réaliser des activités de Team building avec les employés. Les deux apiculteurs offrent une formule tout inclus pour s’assurer du succès des opérations. Ils ont par exemple une liste de type de fleurs indigènes à planter, des colonies d’abeilles et ils offrent des ateliers d’inspection des ruches ou d’extraction du miel. À terme, ils souhaitent que les gens deviennent autonomes dans leurs activités.
Les principaux défis à relever de l’apiculteur amateur : l’hiver, le parasite et la maladie
De nombreux défis attendent l’apiculteur amateur. Vincent et Virginie expliquent que le principal défi est de surmonter l’hiver. En effet, Vincent souligne qu’au terme de l’hiver, il faut souvent essuyer une perte de 30 % dans la colonie d’abeilles. Le défi consiste donc à réduire ce pourcentage au minimum et cela nécessite donc de nombreux préparatifs pour que la colonie soit prête à affronter l’hiver. Le choix de la reine est un facteur qui contribue au succès de la colonie lors de l’hivernage. Une reine élevée localement sera mieux adaptée à notre environnement.
Les abeilles ont aussi pour principal parasite le Varroa destructor, un acarien que Vincent et Virginie décrivent comme une petite tique. L’acarien se loge dans une cellule occupée par une larve d’abeille et créée des déformations aux abeilles. Du fait de son importante manifestation en Amérique du Nord, les deux apiculteurs mentionnent qu’il est pratiquement impossible de ne pas avoir de Varroa dans les colonies. Leur enseignement consiste donc à apprendre à cohabiter avec le Varroa, faire des traitements et avoir une bonne hygiène de la ruche pour diminuer leur nombre.
L’apiculteur amateur doit aussi surveiller l’apparition de la maladie de la loque américaine qui est la maladie du couvain la plus grave chez les abeilles mellifères. L’infection entraine la putréfaction des larves des abeilles et n’amène pas à terme la colonie. Dans le cas d’une infection, il faut brûler la ruche infectée pour éviter sa propagation au reste de la colonie.
L’apiculture nécessite donc un investissement de temps important, car il faut s’occuper des abeilles quotidiennement. Dans ces conditions, il n’est pas recommandé de partir un mois en vacances durant l’été, car s’il y a des ravageurs, il faut être en mesure d’intervenir rapidement.
De plus en plus d’amis des abeilles
Pour Vincent et Virginie, les gens s’initient à l’apiculture par conscience environnementale et pour lutter contre le déclin des pollinisateurs, mais ils découvrent aussi que ce passe-temps permet de décrocher et de vivre une certaine méditation en travaillant dans les ruches. Alors que le nombre d’adeptes de l’apiculture est en pleine croissance, il s’est même créé une certification Villes amis des abeilles de Bee City Canada, issu des États-Unis, pour valoriser les communautés et les organisations qui s’engagent pour la protection des pollinisateurs. Pour mener à bien leur mission, les participants réalisent des actions qui préservent l’habitat des pollinisateurs en plantant des fleurs indigènes sauvages ou ils sensibilisent la population sur l’importance des pollinisateurs.