
«Une ville ne réussit pas quand elle est riche mais quand ses habitants sont heureux. Créer des voies cyclables et piétonnes montre du respect pour la dignité humaine. Nous disons aux gens : » Vous êtes importants — pas parce que vous êtes riches mais parce que vous êtes humains. » [ …] Nous avons besoin de marcher comme les oiseaux ont besoin de voler. Créer des espaces publics est un moyen de mettre en place une société qui n’est pas seulement plus égale mais plus heureuse1. » Telles sont les paroles de Guillermo Peñalosa, l’ancien responsable des Parcs, Sports et Loisirs de la ville de Bogotá en Colombie. À l’autre bout du globe, dans la métropole de Copenhague, les mobilités douces font partie intégrante des déplacements des Copenhagois et des Copenhagoises. Meik Wiking, entrepreneur danois et président de l’Institut de recherche sur le bonheur de Copenhague, précise : « Deux tiers des habitants de Copenhague pensent que les vélos ont un impact positif ou très positif sur l’ambiance de la ville2. »
Pierre Leroy, maire du village alpin du Puy-Saint-André et auteur du livre Passage délicat, penser et panser le territoire, a travaillé ces dernières années avec les citoyens et les citoyennes de sa commune pour amorcer la transition écologique. Comme l’a fait le maire Jean-Claude Mensch dans le village d’Ungersheim, le maire du Puy-Saint-André a d’abord mis l’accent sur l’autonomie énergétique et a encouragé l’installation de panneaux solaires sur les toits de tous les bâtiments publics de sa commune, ainsi que sur les toitures de plusieurs entreprises et habitations privées. Un programme d’aide à l’achat de vélos électriques a vu le jour et plusieurs bornes de recharge pour ces mêmes véhicules ont été installées. Et ce, même si le village alpin d’à peine 450 habitants est soumis à un climat montagnard et rigoureux à environ 2 500 mètres d’altitude.
LE CERCLE VERTUEUX
Un petit autobus électrique qui offre des circuits à moindre coût jusqu’aux villages voisins a été mis en place, de même qu’un système d’auto-partage et de covoiturage dynamique. La mairie a également contribué à la plantation de sept mille arbres dans les montagnes aux alentours du village afin de raviver le milieu de vie des chamois, des loups, des cerfs, des chevreuils et des marmottes. Selon Pierre Leroy, il est indispensable de créer un cercle vertueux, c’est-à-dire de reconnaître l’interdépendance de chaque élément du cycle qui permet aux êtres humains de vivre en harmonie avec les écosystèmes. Au village du Puy-Saint-André, les habitants sont souvent conviés par la municipalité à des exercices de concertation citoyenne et à des ateliers de travail collectif.
Un des futurs projets du village est de semer une forêt nourricière inspirée par les principes de l’agroécologie. Entre autres, la mairie propose de former les citoyens et les citoyennes à la plantation, à la taille et à la greffe d’arbres fruitiers. Ainsi, le maire espère que les habitants s’empareront du territoire pour planter des arbres fruitiers dans l’espace public à l’image des « Incroyables Comestibles » et des jardins libres. La mairie envisage également de mettre à la disposition des villageois trois hectares de terre agricole pour en faire un verger participatif. Il faut également savoir que ce sont les citoyens et les citoyennes qui ont décidé des zones constructibles après douze ateliers de travail collectif pour concevoir le plan local d’urbanisme3.
SAUVER LA CONSCIENCE COLLECTIVE
Les êtres humains et les autres formes de vie qui peuplent la planète Terre agissent, en tant que communauté, comme les cellules d’un organisme vivant au sein duquel chacune doit être saine pour que l’ensemble soit en mesure de remplir ses fonctions vitales. Le psychiatre et psychothérapeute français Christophe André explique en détail les comportements sociaux inconscients : « On vit dans une société qui nous pousse à nous occuper de ce qui urgent, parce que si on ne fait pas ce qui est urgent, on sera punis et on aura des ennuis. Et, on néglige ce qui est important. Ce qui est important est souvent ce qui semble inutile : regarder les nuages, écouter le chant des oiseaux, marcher dans la nature, rire, jouer avec ses enfants et ses animaux de compagnie. Si on ne le fait pas, on ne sera pas punis dans l’immédiat mais peu à peu notre vie va perdre de son sens4. » Suivant le médecin québécois Serge Mongeau : « Pour celles et ceux qui sont conscients, la tâche prioritaire est claire : il faut d’urgence sonner l’alarme et éveiller la conscience collective, pour qu’au plus tôt s’amorcent les changements nécessaires à notre survie collective.5 »
1. Meik Wiking, Le livre du Lykke, le tour du monde des gens heureux, First Éditions, 2018, p. 140.
2. Ibid., p. 138.
3. François Demerliac, Puy Saint André, l’écolo-village, 2019, https://leblob.fr/videos/puy-saint-andre-ecolo-village?fbclid=IwAR3_xCCCCHfiFLsfQVUENNf5H-r4_pxn9VgYLR5_nCsuxQ8338Wj_4mL4Do
4. Sagesses bouddhistes, 2021, https://www.youtube.com/watch?v=NpvN-OmeDoA
5. Serge Mongeau, L’écosophie ou la sagesse de la nature, Écosociété, 2017, p. 178.