Le blogue du rédac

Une campagne pour sauver le Caribou de la Gaspésie

Par Rémy Bourdillon le 2021/06
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Le blogue du rédac

Une campagne pour sauver le Caribou de la Gaspésie

Par Rémy Bourdillon le 2021/06

Nature Québec s’allie à plusieurs entreprises et organismes de l’Est-du-Québec et lance la campagne Caribou je t’aime afin de sensibiliser la population à la nécessité de protéger le caribou montagnard de Gaspésie, qui est au bord de l’extinction.

« On veut profiter de la saison estivale qui commence pour lancer cette campagne de sensibilisation qui va montrer qu’en Gaspésie, au Bas-Saint-Laurent et partout au Québec, la population a un amour pour le caribou de la Gaspésie », explique la directrice générale de Nature Québec, Alice-Anne Simard.

Pour l’instant, le gros de la campagne est virtuel : les citoyens sont notamment invités à signer une « déclaration d’amour » pour le caribou, dans laquelle ils s’engagent à faire connaître la situation précaire dans laquelle il se trouve – la liste des signataires sera ensuite remise au gouvernement. Ils sont également invités à envoyer un témoignage personnel.

Déjà, quelques figures régionales ont écrit, comme les défenseurs des Chic-Chocs Margaret Kraenzel et Louis Fradette, et le biologiste Martin-Hugues St-Laurent pour qui le caribou est « un témoin de notre capacité à vivre en harmonie avec notre environnement ».

Des entreprises soutiennent le mouvement

Des activités sur le terrain devraient être organisées prochainement afin de rejoindre les touristes, mais elles n’ont pas encore été annoncées. En plus des conseils régionaux de l’environnement de la Gaspésie et du Bas-Saint-Laurent, plusieurs entreprises sont partenaires de la campagne Caribou je t’aime, comme la microbrasserie Pit Caribou, l’auberge festive Sea Shack ou le Bioparc de la Gaspésie.

« Ces entreprises considèrent que si cette espèce venait à disparaître, ce serait une partie importante du patrimoine naturel de la région, mais aussi du Québec et du Canada, qui serait perdue », déclare Mme Simard.

Les raisons du déclin du cervidé sont bien connues. L’exploitation forestière figure au premier plan : les zones déboisées attirent les orignaux, et derrière eux des prédateurs comme le coyote et l’ours noir. L’aménagement de chemins forestiers morcèle l’habitat du caribou tout en facilitant le déplacement des prédateurs. Les scientifiques préconisent donc de maintenir un minimum de 65 % d’habitat non perturbé sur le territoire du caribou.

Certaines activités récréotouristiques, comme la randonnée ou le ski hors-piste, affectent également les caribous, dans la mesure où elles les font fuir vers des zones où le risque de prédation est plus élevé. Alice-Anne Simard parle du sujet avec prudence : « En aucun cas on ne va demander à ce que les activités récréotouristiques soient complètement stoppées. Mais des mesures pourraient être mises en place : par exemple, protéger un peu plus certains secteurs à certaines périodes de l’année. »

Pression citoyenne sur la CAQ

Le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs Pierre Dufour a récemment annoncé qu’il rendrait publique sa stratégie pour le rétablissement des troupeaux de caribous avant la fin 2021. Nature Québec craint que ladite stratégie ne prenne pas toute la mesure du problème. « Ce qui nous inquiète particulièrement, c’est qu’on a l’impression qu’il n’y a pas beaucoup de groupes de citoyens, de groupes environnementaux, ni même de scientifiques qui ont été consultés pour élaborer cette stratégie. On a bien hâte de voir ce qu’elle contient », lance la directrice de l’organisme.

« C’est aussi pour ça qu’on lance la campagne, poursuit-elle : on veut montrer au gouvernement qu’il y a un appui local, régional et provincial fort à la protection du caribou. » En d’autres termes, il s’agit de former une communauté de soutien au cervidé afin de faire un contrepoids au lobby forestier, qui cherche régulièrement à limiter la portée des mesures de protection.

Les citoyens qui joignent la campagne Caribou je t’aime seront invités à continuer de s’impliquer dans les prochains mois, par exemple en participant à la consultation publique qui suivra l’annonce de la stratégie gouvernementale.

L’urgence est réelle : selon le dernier inventaire, il ne reste plus que 40 caribous en Gaspésie, contre 700 à 1500 dans les années 1950. Selon Nature Québec, le cheptel a fondu de 70 % depuis une dizaine d’années, mais il n’est pas trop tard pour le sauver.

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